Libreville: les plateaux multisports face au défi de la durabilité

Le 01/11/2025 à 15h40

VidéoÀ Libreville, la vague de sport urbain a déferlé sur le bitume. Depuis près de cinq ans, cette nouvelle tendance transforme l’espace urbain en un lieu de loisirs et de socialisation, mais son essor se heurte à un défi de taille, celui de l’entretien et la sécurisation des sites mis à la disposition des jeunes.

Chaque week-end, le long de la corniche, le béton prend vie. Footballeurs, basketteurs, athlètes et volleyeurs se donnent rendez-vous sur ces plateaux sportifs. Ici, pas de tribunes ni de vestiaires, mais une énergie communicative. Ces espaces sont bien plus que de simples terrains d’exercice; ils sont devenus des creusets de lien social et d’espoir pour une jeunesse en quête de repères.

Dans ce paysage urbain réinventé, la passion devient un ciment social. Pour Moukoula Bouka, amateur de football, l’impact est immédiat et bénéfique. «C’est très bénéfique pour nous parce que dans nos quartiers il n’y a pas de terrains adaptés» confie-t-il. «Il y a beaucoup de jeunes qui viennent ici transpirer et on se crée des connaissances. Et le sport éloigne les jeunes de la délinquance.» Sa voix porte l’écho d’une génération qui trouve, dans l’effort collectif, une alternative positive et un sentiment d’appartenance.

L’enthousiasme freiné par le manque d’entretien

Pourtant, cet élan collectif se heurte souvent à la réalité du terrain. Si le concept a du charme, le manque d’entretien de ces installations finit par peser. Jeffrey Mindoumbi, amateur de basket, dresse un constat sans appel. «C’est vrai que ces installations ne sont pas suffisamment entretenues» déplore-t-il. «Je pense que la municipalité devrait faire son travail et mettre en place un dispositif de sécurisation de ces plateaux. De sorte qu’ils ne soient pas vandalisés

Son témoignage souligne le fossé entre l’initiative citoyenne et le soutien des institutions, crucial pour pérenniser ces dynamiques. Un manque d’intérêt politique qui contraste avec les succès nationaux.

Au-delà des grillages rouillés par endroit, c’est la question de la reconnaissance du sport dans son ensemble qui est posée. Yeldave Biyoghe, instructeur de sports de combat, élargit le débat. «La pratique du sport est la bienvenue pour une population qui se veut active. Quelques initiatives sont prises dans ce sens même si beaucoup reste à faire. Je crois que tout ceci est la conséquence du peu d’intérêt que les politiques accordent aux athlètes, quand bien même on voit qu’au niveau international, le Gabon a de dignes représentants en football, les arts martiaux y compris

Ces plateaux, symboles d’une vitalité sportive incontestable, attendent désormais que les pouvoirs publics passent de l’autre côté du miroir pour transformer l’essai. L’enjeu est de taille: passer d’une pratique par défaut à une véritable politique sportive urbaine, qui accompagnerait et amplifierait ce mouvement populaire déjà bien en marche.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 01/11/2025 à 15h40