Tunisie: le report de la tournée africaine du Premier ministre passe mal

Youssef Chahed, premier ministre tunisien.. DR

Le 24/01/2017 à 13h14, mis à jour le 24/01/2017 à 15h01

Le report de la tournée africaine du Premier ministre tunisien Youssef Chahed continue à susciter des réactions. Ignorant les raisons de ce report ou de cette annulation, certains opérateurs n’hésitent pas à parler d’amateurisme et d'une absence de politique africaine claire de la Tunisie.

Décidemment, il n’y a que le Maroc au Maghreb qui ait su trouver la bonne formule pour ses relations avec l’Afrique subsaharienne. Après l’échec cuisant du 1er Forum africain de l‘investissement d’Alger, c’est au tour de la politique africaine de la Tunisie de connaître un couac. Loin du problème racial qui fait fuir nombre d’étudiants d’Afrique subsaharienne de ce pays dont la qualité de la formation est pourtant reconnue, cette fois, c’est le report -voire l’annulation- de la tournée africaine du Premier ministre Youssef Chahed qui fait des vagues dans le microcosme tunisien des affaires.

En effet, le chef du gouvernement tunisien avait programmé une tournée africaine du 24 au 27 janvier courant avec des visites dans trois pays d’Afrique subsaharienne: Soudan, Niger et Burkina Faso. Une aubaine qui a suscité l’enthousiasme des hommes d’affaires tunisiens à la recherche de débouchés et de relais de croissance en Afrique, à l’instar de leurs homologues marocains.

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Preuve de cet intérêt, selon des sources concordantes, la primature tunisienne aurait reçu quelque 240 demandes de la part d’hommes d’affaires tunisiens souhaitant faire partie du voyage alors que seulement 140 places étaient prévues par la primature au profit des opérateurs économiques. Partant, pour les opérateurs économiques, c’est une occasion ratée de nouer des partenariats et des courants d’affaires.

En tout cas, le report ou l’annulation de cette tournée est mal interprété. Pour le justifier, on parle d'un manque de préparation. Si tel est le cas, pourquoi alors avoir fait l’annonce, se lamentent certains acteurs économiques. Certains y voient tout simplement un manque de sérieux quand il s’agit de relations avec l’Afrique, alors que d’autres parlent d’amateurisme, comme ce fut le cas avec le fiasco du Forum d’Alger.

Du côté du pouvoir, certains justifient ce report par la forte demande des hommes d’affaires souhaitant faire partie du voyage et la nécessité de mieux préparer l’opération pour assurer son succès.

Par ailleurs, certains opérateurs s’interrogent sur le choix des pays de destination du fait que cette première sortie du Premier ministre en Afrique subsaharienne ne concerne aucun pays majeur garantissant une meilleure occasion de networking et d’opportunités d’affaires.

Bref, dans cette affaire de report ou d’annulation de la tournée de Youssef Chahid, c’est la politique africaine de la Tunisie qui en prend un coup, dixit certains professionnels du secteur.

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Pourtant, tous les partis politiques tunisiens font de l’Afrique une priorité de leur stratégie, du moins d'un point de vue théorique. C'est ce qui ressort des discours. Toutefois, la réalité est autre, même si certains opérateurs économiques essaient, tant bien que mal, de faire vivre certains courants d’affaires via des missions dans un certain nombre de pays –Sénégal, Côte d’Ivoire, Cameroun, etc. Certaines sont initiées par la filiale tunisienne du groupe marocain Attijariwafa bank.

Pourtant, comme l’ont prouvé les Marocains, le marché africain, de par son potentiel mérite qu’on lui accorde toute l’attention nécessaire et ce d’autant plus que la concurrence est rude sur le marché européen et que celui de la Tunisie est très étroit.

Reste que pour faire de l’Afrique un partenaire stratégique, il faut qu’il y ait une volonté politique au plus haut sommet de l’Etat et ne pas se contenter de déclarations d’intention. La leçon marocaine n’est pas bien apprise au Maghreb.

Par Karim Zeidane
Le 24/01/2017 à 13h14, mis à jour le 24/01/2017 à 15h01