Tunisie: 42% des entrées en devises échappent au circuit formel

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Le 26/02/2021 à 11h26, mis à jour le 26/02/2021 à 11h26

En Tunisie, 42% des entrées en devises par voie maritime, terrestre ou aérienne, ne sont pas intégrées dans le circuit financier formel, selon la Commission Tunisienne des Analyses Financières (CTAF), relevant de la Banque Centrale de Tunisie (BCT).

"Il s'agit d’une part énorme, essentiellement composée de l’épargne des TRE (Tunisiens Résidents à l’Etranger), a précisé le secrétaire général de la CTAF, Lotfi Hchicha dans des déclarations aux médias tunisiens.

Il a expliqué que ces sommes de devise sont "transférées via le marché parallèle ou servent à financer des projets douteux".

Dans ce sens, il a fait état du lancement jeudi de la plateforme Hannibal, qui est basée sur la technologie du blockchain, avec l'objectif de permettre le contrôle, en permanence, du transfert de devises à travers les passages frontaliers en Tunisie.

Elle permettra de faire face au blanchiment d’argent, au financement du terrorisme et de limiter la circulation de la devise dans les circuits parallèles, a-t-il expliqué.

Le secrétaire général de la CTAF a ajouté que cette plateforme est supervisée par les services du ministère de l’Intérieur, de la Douane, de toutes les banques, de la Poste Tunisienne et de la CTAF.

La plateforme "Hannibal" est dédiée aux échanges d'informations en temps réel à des fins de contrôle des flux physiques de billets de banque étrangers, à travers le territoire tunisien, a expliqué pour sa part le Gouverneur de la BCT, Marouane Abbassi, lors d'une réunion tenue jeudi à Tunis.

Il a estimé que ce projet permettra d'avoir une idée précise sur la valeur totale des devises importées et non régularisées, conformément à la réglementation des changes en vigueur.

Cette plateforme élaborée, en utilisant la technique de Blockchain, ne peut fonctionner que s'il y a un partage d'informations entre les différents intervenants, tout en respectant le protocole de collaboration, a-t-il noté.

De son côté l'ambassadeur de l'UE en Tunisie, Marcus Cornaro s'est dit "réjoui" de voir les résultats de coopération conjointe pour lutter contre le blanchiment d'argent, pour laquelle l'UE a accordé un soutien financier par le biais du programme d'appui dans le domaine de la sécurité, menée ensemble entre l'UE et la Tunisie.

Il a souligné que le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme sont des menaces mondiales que l'UE est déterminée à les combattre avec ses partenaires internationaux, exprimant, à cet égard, sa fierté de voir un partenariat très fort renforcé avec la Tunisie en la matière.

Selon le dernier rapport d'activité de la CTAF (2018/2019), les investigations sur les fonds non apurés par une intégration dans le système bancaire ou par une réexportation révéleront leur utilisation dans le financement des activités illicites.

Par Le360 Afrique (avec MAP)
Le 26/02/2021 à 11h26, mis à jour le 26/02/2021 à 11h26