La Tunisie et la Libye, dont les économies ont durement souffert durant la décennie écoulée, dans le sillage des conséquences du «Printemps arabe» et de l’insécurité qui a suivi, souhaitent mieux coopérer pour sortir de la crise économique, aggravée par la pandémie du Covid-19.
A ce titre, les gouvernements des deux pays ont pris une série de mesures en marge de la tenue de la première édition de la Foire libyo-tunisienne de jumelage économique pour l’Afrique, qui se tient de ce 23 mai au 25 mai prochain, afin de renforcer la coopération économique entre les deux pays à un moment crucial.
Une manifestation marquée par la présence de plus de 170 entreprises tunisiennes de divers secteurs d’activité (matériaux de construction, industries manufacturières, commerce, services, agro-alimentaire, banque et finances, etc.) venues prospecter le marché libyen, qui devrait retrouver sa dynamique après plus d’une décennie de crise politique et sécuritaire.
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Au-delà de cette prospective, les deux pays, compte tenu du petit nombre de leurs habitants, moins de 20 millions d’habitants pour chacun des deux pays, comptent coopérer pour mettre en place des partenariats entre les acteurs économiques tunisiens et libyens, dans la lignée d’une vision commune ciblant les pays d’Afrique subsaharienne.
En plus d’aides étatiques apportées aux entreprises des deux pays pour qu’elles puissent partir à la conquête du continent, l’objectif de cette association entre deux pays voisins est aussi d’être une porte d’entrée en Afrique pour de nombreux pays européens, asiatiques et américains intéressés par les marchés en plein essor du continent africain. Ceux-ci devraient encore offrir beaucoup d'opportunités avec la mise en place effective de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca).
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Mais pour y parvenir, la Tunisie comme la Libye, marqués par une décennie de crise, comptent s’entraider mutuellement afin de se redresser. Il faut dire que le contexte est très favorable, particulièrement pour la Libye qui connaît depuis depuis quelques mois, à la faveur d’un cessez-le-feu entre les belligérants de l’Est et ceux de l’Ouest, et suite à des élections qui ont permis l’arrivée d’une nouvelle classe dirigeante, d’entamer une reconstruction du pays après plus d’une décennie de guerre civile destructrice.
Avec la paix retrouvée, synonyme d’une reprise des exportations pétrolières, ce petit pays pétrolier dispose de certains atouts pour assurer sa reconstruction. C’est d’ailleurs ce qui pousse de nombreux pays développés à se repositionner sur la Libye, pour y gagner des marchés.
Au-delà des capitaux, la Libye a aussi, et surtout, besoin d’une main d’œuvre qualifiée pour l’aider à se reconstruire. Et elle pourra sur ce point compter sur son voisin tunisien.
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A ce titre, le chef du gouvernement libyen, Abdelhalid Debeiba, a annoncé, lors d’un point de presse tenu avec le chef du gouvernement tunisien, Hichem Mechichi, hier, samedi 22 mai, que son gouvernement allait régulariser la situation de nombreux travailleurs tunisiens qui ont été amenés à quitter la Libye, à cause de la situation sécuritaire.
Ainsi, Tripoli va procéder au renouvellement de contrats de travail et attester de la domiciliation de ces travailleurs tunisiens sur son sol. Ce sont les travailleurs des secteurs de l’industrie et du bâtiment qui seront d’ailleurs les plus sollicités pour participer à la relance de l’économie libyenne, après ces dix années d’insécurité et d’instabilité politique.
Une bonne nouvelle pour Tunis, dont les gouvernants doivent affronter un taux de chômage élevé, à cause de la crise que traverse leur pays, depuis la Révolution du Jasmin, qui a conduit à la chute de Zine El Abidine Ben Ali.
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Parallèlement, et malgré la pandémie du Covid-19, la Tunisie a décidé, selon les services de l’aéroport de Misrata, d’exempter les voyageurs libyens à destination de la Tunisie de la mesure du confinement obligatoire à leur arrivée en Tunisie, et ce, dès ce dimanche 23 mai. Ils devront toutefois se munir d’un test PCR négatif.
Cette décision devrait permettre à la Tunisie d’accueillir davantage de touristes libyens et ainsi contribuer à la relance de son secteur touristique, à un moment où les autorités algériennes ont décidé de garder les frontières terrestres de leurs pays fermées. En temps normal, la Libye est l’un des premiers pays émetteurs de touristes vers la Tunisie, après l’Algérie.
De même, afin d’attirer les investisseurs libyens, le gouvernement tunisien envisagerait de lever les restrictions pour l’accès des Libyens à la propriété foncière et immobilière en Tunisie. Il en sera de même pour les biens immobiliers à caractère commercial.
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A travers ces mesures, le gouvernement tunisien tenterait d’attirer des investisseurs libyens afin de doper sa croissance.
Avec ces mesures prises de part et d’autre, les deux pays, empêtrés dans des crises économiques depuis le déclenchement des «Printemps arabes», aggravées par la pandémie du Covid-19, tentent de mieux coopérer pour atténuer les effets de ces crises, qui ont fortement impacté leur économie.