Tunisair, durement touchée par la pandémie de Covid-19, va mettre en place un ambitieux plan de restructuration, concocté sous la direction de son PDG , Khaled Chelly, visant à redresser la compagnie publique qui battait de l’aile déjà bien avant la crise sanitaire.
Nommé en mars dernier pour sauver la compagnie au bord du gouffre, il a annoncé que le pavillon tunisien essuyait un déficit de 1,2 milliard de dinars, traînait une dette colossale de 2,2 milliards de dinars et faisait face à des problèmes de liquidités, avant d’annoncer un plan de restructuration destiné à sortir la compagnie aérienne de ces zones de turbulence.
Il s’agit d’un vaste programme qui touchera plusieurs axes. D’abord, face à un effectif pléthorique, cette restructuration se traduira par la suppression de 1.000 emplois. Cela permettra à la compagnie de réduire sa masse salariale et d’ajuster les effectifs à la dimension de la flotte. Le groupe Tunisair compte autour de 7.800 salariés pour une flotte de 32 appareils, dont 27 en propriété.
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Cette suppression d’emplois ne sera pas facile à réaliser dans un contexte social difficile. «Nous sommes actuellement en négociation avec nos partenaires sociaux afin de procéder à la suppression de 1.000 emplois au niveau de la compagnie. Cette compression est devenue nécessaire pour la bonne santé financière de la compagnie d’autant plus que la nouvelle stratégie qui consiste en la numérisation de l’ensemble des branches fait en sorte que le nombre de postes de travail sera réduit», a expliqué Khaled Chelly. Ces suppressions d’emplois ne seront certes pas faciles à exécuter, mais resteront insuffisantes pour réduire la masse salariale colossale du groupe.
Ensuite, ce plan prévoit la modernisation de la flotte afin de réduire les charges d’exploitation, notamment la maintenance et la consommation du carburant qui augmentent fortement avec l’âge des appareils. Selon le PDG de Tunisair, «ce programme de rénovation consiste à réduire les années de service des avions à 10 ans maximum et à acquérir de nouveaux appareils». En effet, la compagnie compte dans sa flotte 7 Boeing 737-600 en exploitation depuis plus 21 ans.
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Par ailleurs, dans le cadre de la réduction des charges d’exploitation, le programme de restructuration prévoit la suppression de plusieurs agences de Tunisair à l’étranger. Plusieurs agences ont d'ores et déjà été fermées dont celles de Belgrade, Vienne, Beyrouth et Cotonou. D’autres suivront pour ne garder que celles vraiment indispensables à la compagnie.
La crise que traverse Tunisair date du lendemain de la révolution, sachant qu’auparavant, la compagnie réalisait en moyenne 30 millions de dinars de bénéfice par an et disposait de réserves évaluées à 500 millions de dinars. Mais, depuis 2011, elle accumule les déficits L’une des principales raisons est le recrutement à tour de bras autorisé par les autorités tunisiennes au lendemain du "Printemps arabe" pour faire face à la grogne sociale. Ainsi, la compagnie s’est retrouvée avec un effectif pléthorique et sa masse salariale a explosé.
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Cette restructuration est d’autant plus nécessaire que Tunisair est appelée à faire face à l’ouverture de son ciel dans le cadre de l’open Sky que la Tunisie compte signer avec l’Union européenne et qui ouvrira le pays aux compagnies aériennes du vieux continent, avec à la clé une intensification de la concurrence qui ne manquera pas d’impacter négativement une compagnie déjà très fragile.