Les avis des grandes agences de notation se suivent et malheureusement se ressemblent pour la Tunisie. Il ya d'abord eu Moody’s qui a dégradé en octobre dernier la note souveraine de la Tunisie de «B3» à «Caa1», en raison de l’incertitude accrue sur la capacité du gouvernement à assurer des financements nécessaires pour répondre aux besoins de financement élevés du pays. A présent, c’est au tour de Fitch Ratings de réviser à la baisse la note souveraine du pays de «B-» avec perspectives négatives à «CCC», note «ultra spéculative». Ce qui correspond à un risque très élevé de non remboursement du service de la dette du pays. Ainsi, en une décennie, la Tunisie est passée d’un triple B à un triple C, à deux crans du défaut de paiement.
Outre la dégradation de la note, Fitch Ratings souligne qu’«actuellement, il n’y a aucune perspective d’amélioration de la conjoncture économique, malgré la bonne performance de certains secteurs, à l’instar du gaz et du pétrole».
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Déjà en octobre dernier, Moody’s avançait que sans un financement important, la Tunisie risquait un défaut de paiement de sa dette. Elle avait maintenu la perspective négative qui «traduit les risques liés à d’éventuels retards dans la mise en œuvre des réformes, ainsi que les financements qui en dépendent, ce qui conduirait à la fonte des réserve de change».
Les réserves en devises du pays ont baissé à 23 milliards de dinars tunisiens (7,79 milliards de dollars) ne couvrant que 128 jours d’importations. Toutefois, sous l’effet de l’ampleur des charges du service de la dette et de la hausse de la facture des achats de céréales et produits pétroliers dont les cours ont flambé au niveau mondial ces dernières semaines, les réserves risquent de fondre beaucoup plus rapidement que prévu.
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Conséquence, avec les dégradations de ses notes souveraines, la Tunisie aura du mal à trouver des financements auprès des bailleurs de fonds. Et même au cas où elle les obtiendrait, ce serait à des taux très élevés à cause de la prime de risque qu’exigerait les investisseurs. Or, si pour les premiers mois de cette année, la situation semble sous contrôle en ce qui concerne la capacité du pays à faire face à ses engagements, la situation risque de se compliquer dès le second semestre de l’année en cours dans le contexte de la poursuite de la flambée des cours du pétrole et des produits agricoles et alimentaires importés qui vont accélérer la fonte des réserves en devises du pays.
Face à cette situation, la seule alternative pour obtenir des financements est la signature d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI). Or, les discussions entre les deux parties achoppent toujours sur les réformes exigées par l’institution financière. Celles-ci, impopulaires et douloureuses à mettre en place, ont été retardées par tous les gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays ces dernières années.
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Le gouvernement actuel n’a pas le choix. Le FMI, jugeant que les précédents gouvernements n’ont pas tenu leurs promesses d’engager des réformes, souhaite cette fois-ci avoir des garanties avant d’accorder un nouveau prêt au pays pour un montant estimé autour de 4 milliards de dollars.
Ainsi, pour délivrer ce prêt, l’institution exige, entre autres, le gel des recrutements et des salaires dans la fonction publique, les départs anticipés à la retraite, l’élimination progressive des subventions sur les produits énergétiques pour atteindre la vérité des prix à l’horizon 2026, l’élimination progressive des subventions sur les produits de première nécessité…
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Autant de mesures impopulaires qui risquent de susciter des tensions sociales, ce qui pousse donc le gouvernement tunisien à vouloir gagner du temps.
Seulement, cette fois-ci, ce temps ne joue pas en faveur du gouvernement tunisien qui est dos au mur. Il doit impérativement signer un accord le FMI, au risque de provoquer des tensions sociales, ou snober l’institution et courir celui d’un défaut de paiement. Et, les entreprises privées tunisiennes aussi sont négativement impactées lors de leurs opérations d’importation. Craignant des défauts de paiement, certains de leurs partenaires n’hésiteront pas d’exiger des paiements à l’avance.