Tunisie: voici les priorités de Kais Saied, le nouveau président

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Le 23/10/2019 à 15h59, mis à jour le 23/10/2019 à 17h18

Désormais à la tête du pays, Kais Saied a annoncé ce mercredi ses priorités, au cours de sa prestation de serment, devant le Parlement, juste avant de prendre ses fonctions.

Saied succède au chef de l’Etat par intérim Mohamed Ennaceur, nommé pour 90 jours après le décès en juillet du premier président élu démocratiquement au suffrage universel en Tunisie, Béji Caïd Essebsi.

Lors de sa prestation de serment devant le Parlement, il a remercié “en ce moment historique (…) tous les Tunisiens et Tunisiennes aux quatre coins du monde” qui ont voté pour lui et ceux aussi qui ont “voté librement” pour son adversaire, l’homme d’affaires controversé Nabil Karoui.

Les Tunisiens “ont besoin d’un nouveau rapport de confiance avec les politiciens et ceux qui gouvernent”, a-t-il estimé.

Après avoir prêté serment, Saied s’est dirigé vers le palais présidentiel de Carthage, dans la banlieue nord de Tunis, où il a pris ses fonctions.

Quasi inconnu jusque-là sur la scène politique, cet ancien universitaire de 61 ans spécialiste du droit constitutionnel, et candidat sans parti, a élu président le 13 octobre avec 72,71% des voix, prenant de court la classe politique.

“Réunir”

Promettant de “réunir tous” et d‘être “au-dessus des conflits” internes, le nouveau président a précisé devant le Parlement que chacun “est libre de ses convictions et ses choix, mais les services de l’Etat doivent être à l’abri de tous les calculs politiques”.

Parce que “ce peuple qui a tant attendu (…) veut passer du désespoir à l’espoir”, a-t-il ajouté dans un arabe châtié.

Martelant son attachement au respect de la loi, il a également assuré qu’“il n’est pas question de porter atteinte aux droits de la femme”, sous les applaudissements des députés, des responsables du gouvernement et des invités diplomatiques. 

Saied a aussi souligné le besoin “de renforcer les droits de la femme tunisienne, notamment socio-économiques”.

Pourtant il s‘était prononcé clairement, lors des interviews accordées à des médias locaux, contre l‘égalité en matière d’héritage, une question délicate car elle touche à un principe dicté par le Coran, selon lequel une femme hérite le plus souvent moitié moins qu’un homme du même degré de parenté.

Décrit comme inflexible sur ses principes, Saied est ouvertement conservateur sur les questions de société mais, selon des analystes, son discours politique ne s’appuie pas sur des références religieuses.

“Lourde responsabilité”

Au niveau international, Saied a affirmé l’engagement de l’Etat tunisien “à respecter les différents accords internationaux, mais aussi à les réviser conformément à l’intérêt et à la volonté du peuple”.

Il a aussi insisté sur le soutien de la Tunisie à la cause palestinienne précisant que “notre position n’est pas du tout contre les Juifs mais contre la colonisation et le racisme”. “Il est temps que toute l’humanité mette fin à cette injustice qui se poursuit depuis plus d’un siècle”, a ajouté Saied.

Après son investiture mercredi, Saied aura une semaine pour charger le parti vainqueur des élections législatives du 6 octobre, le mouvement d’inspiration islamiste Ennahdha, de former un gouvernement.

“En attendant d’y voir plus clair, on ne peut que lui souhaiter bonne chance et (…) qu’il sera à la hauteur de ses nombreuses charges et sa lourde responsabilité”, a écrit le journal francophone Le Quotidien.

Le quotidien francophone La Presse a de son côté estimé que “les 72,71 de voix qu’a recueillies le président Saied marqu(ai)ent un appui massif de la part des Tunisiens, qui fait figure d’un véritable plébiscite”.

Visage de cire, posture rigide, Saied s’est fait connaître en décryptant depuis 2011 les premiers soubresauts de la démocratie tunisienne sur les plateaux télévisés. Considéré comme irréprochablement “propre”, ce néophyte en politique a fait campagne régulièrement entouré de jeunes, notamment des étudiants.

Huit ans après la révolution qui a mis fin à la dictature de Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie, berceau du Printemps arabe, reste confrontée à de nombreux défis.

Si la sécurité s’est nettement améliorée ces dernières années, après une série d’attentats jihadistes dévastateurs en 2015, le chômage continue de ronger les rêves, notamment des jeunes, et l’inflation grignote un pouvoir d’achat déjà faible.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 23/10/2019 à 15h59, mis à jour le 23/10/2019 à 17h18