Tunisie: l'Union européenne fait part de ses "appréhensions" quant à la situation politique

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Le 11/09/2021 à 14h56, mis à jour le 11/09/2021 à 15h01

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a fait part vendredi de ses "appréhensions" au président tunisien, Kais Saied, qui concentre tous les pouvoirs depuis le 25 juillet, l'appelant à rétablir l'activité parlementaire et garantir "l'ancrage démocratique" du pays.

"J'ai transmis au président les appréhensions européennes par rapport à la préservation de l'acquis démocratique en Tunisie", a déclaré Josep Borrell, après avoir rencontré à Tunis Saied, plusieurs ministres, ainsi que des représentants des partis politiques et de la société civile.

Rappelant que la Tunisie était "un partenaire important" pour l'Union européenne, il a souligné que "le libre exercice du pouvoir législatif et la reprise de l'activité parlementaire faisaient partie de cet acquis (démocratique) et devaient être respectés".

Borrell s'est défendu de toute volonté d'ingérence, en soulignant le "respect" des Européens "pour la souveraineté de la Tunisie". Il a toutefois rappelé au président Saied "l'attachement de l'Union européenne à l'ancrage démocratique de la Tunisie, ainsi qu'au respect de l'état de droit et des libertés fondamentales".

Il est "important de conduire le pays vers le rétablissement de la stabilité institutionnelle en préservant ses fondamentaux démocratiques", a insisté Borrell. Elu fin 2019, Kais Saied a invoqué la Constitution, le 25 juillet, pour limoger le chef du gouvernement avec qui il était en conflit, suspendre le Parlement et s'arroger tous les pouvoirs (exécutif, parlementaire et judiciaire).

Depuis ce coup de force, des arrestations, des interdictions de voyage et des assignations à résidence ont visé plusieurs personnalités dans le cadre d'une "purge" anticorruption, faisant craindre un recul des libertés. Le Haut représentant européen a aussi appelé les autorités tunisiennes à rester "à l'écoute des volontés et des aspirations du peuple tunisien dans le cadre d'un dialogue ouvert et transparent", afin que le pays puisse "repartir sur le chemin de la consolidation démocratique".

Depuis 2011, l'UE, l'un des principaux soutiens financiers du pays avec le Fonds monétaire internationale (FMI), s'est "engagée" aux côtés des autorités tunisiennes "dans leur choix de construire une démocratie durable et efficace, au service du peuple", a rappelé Borrell.

Selon lui, l'UE attend de voir "les actions et mesures concrètes qui seront prises dans les prochaines semaines" pour décider comment "mieux soutenir et accompagner" la Tunisie.

Pour sa part, Saied a souligné lors de l'entretien "le fort attachement de la Tunisie à son partenariat avec l'espace européen et sa ferme adhésion aux valeurs démocratiques, des droits humains et de l'Etat de droit qu'elle partage avec l'UE", a indiqué la présidence tunisienne dans un communiqué.

Le président a en outre affirmé, selon le communiqué, que les mesures prises le 25 juillet visaient à "sauver l'Etat et à répondre à une vaste volonté populaire, sans intention aucune de revenir sur les acquis" en matière de démocratie.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 11/09/2021 à 14h56, mis à jour le 11/09/2021 à 15h01