Plus de six semaines après la prise de la totalité du pouvoir, le président Kaïs Saïed n'a toujours pas nommé de nouveau gouvernement, ni fait de déclaration claire sur ses intentions à long terme.
"Ce système ne peut pas continuer... Changer le système signifie changer la Constitution par le biais d'un référendum, peut-être... Le référendum nécessite une préparation logistique", a déclaré à l'agence Reuters Walid Hajjem, conseiller de Saïed.
Il a ajouté qu'il s'agissait du plan du Président, qui en était à la phase finale et devrait être officiellement dévoilé bientôt, mais il n'a pas expliqué les changements envisagés par Saïed.
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L'accaparement du pouvoir par Kaïs Saïed a plongé la Tunisie dans une crise constitutionnelle, suscitant des inquiétudes quant à l'avenir du système démocratique qu'elle a adopté après la révolution de 2011 qui a conduit au printemps arabe.
Beaucoup s'attendent à ce que Kaïs Saïed fasse basculer le régime vers une démocratie présidentielle, comme c'est le cas presque partout en Afrique, ce qui réduirait le rôle du Parlement. L'idée n'est pas nouvelle et ressurgit régulièrement pour être présentée comme la solution face aux années d'impasse et ce, depuis que la Constitution de 2014 a été adoptée.
Le conseiller du président tunisien a soutenu que cette réforme est nécessaire et a déclaré qu'elle était conforme à l'esprit de la Loi fondamentale. Selon lui, Kaïs Saïed a promis de respecter les droits des Tunisiens et a déclaré qu'il ne serait jamais un dictateur.
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Cependant, les arrestations de parlementaires après que Saïed a levé leur immunité et les nombreuses interdictions de voyager contre des personnalités éminentes ont alarmé certains défenseurs des droits de l'homme.
Nouveau gouvernement
Les pressions nationales et internationales poussent Saïed à nommer un gouvernement et à expliquer comment il entend sortir de la crise constitutionnelle causée par son intervention.
Dans un journal tunisien ce jeudi 9 septembre 2021, le président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme a dit que Saïed "l'avait informé qu'un nouveau gouvernement serait nommé cette semaine".
Il convient de rappeler que la Tunisie est confrontée à de graves problèmes économiques et à des difficultés budgétaires. Elle venait d'entamer des pourparlers avec le Fonds monétaire international pour un nouveau programme de prêts lorsque Saïed a évincé le Premier ministre.
Aucune autre discussion avec le FMI ne peut avoir lieu tant qu'un nouveau gouvernement ne sera installé pour discuter de manière crédible des réformes fiscales souhaitées par les prêteurs étrangers.
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Des années de marasme économique et de déclin des services publics, aggravés par la paralysie politique, ont mis en colère de nombreux Tunisiens sur la forme de démocratie parlementaire qu'ils ont adoptée après la révolution, et l'intervention de Saïed semble avoir un large soutien populaire.
Cette semaine, les ambassadeurs des pays du G7 ont exhorté Saïed à nommer un gouvernement et à ramener la Tunisie à un ordre constitutionnel dans lequel un Parlement élu pourra jouer un rôle important.
Le puissant syndicat tunisien, l'UGTT, l'a également exhorté à nommer un gouvernement et à entamer un dialogue pour changer le système politique. Les responsables de l'UGTT n'étaient pas disponibles pour commenter les révélations du conseiller du président Saïed.
Les responsables de la plus grande formation politique au Parlement, le parti islamiste modéré Ennahdha, qui a été l'adversaire le plus virulent des mesures de Saïed, n'étaient pas non plus immédiatement disponibles pour commenter, selon la même source.