Tunisie: pas de référence à l'islam dans le projet de Constitution (juriste)

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Le 06/06/2022 à 16h52, mis à jour le 06/06/2022 à 16h56

Un juriste chargé de la rédaction d'une nouvelle Constitution en Tunisie a affirmé lundi qu'il présenterait au président Kais Saied un projet de charte expurgée de toute référence à l'islam pour combattre les partis d'inspiration islamiste comme Ennahdha.

Le premier article de la Constitution actuelle adoptée en grande pompe en 2014, trois ans après la chute de la dictature, stipule que la Tunisie «est un Etat libre, indépendant et souverain, l'Islam est sa religion, l'arabe sa langue et la République son régime».

Dans un entretien à l'AFP, Sadok Belaïd, nommé le 20 mai à la tête de la «Commission nationale consultative pour une nouvelle République», chargée de rédiger et de présenter un nouveau projet de constitution, a affirmé qu'il soumettrait le texte pour validation à Saied au plus tard le 15 juin avant qu'il ne soit soumis à référendum.

«80% des Tunisiens sont contre l'extrémisme et contre l'utilisation de la religion à des fins politiques. C’est précisément ce que nous allons faire tout simplement gommant l’article 1 dans sa formule actuelle», a dit Belaïd.

Interrogé sur le point de savoir si cela signifiait que la nouvelle constitution ne contiendrait pas de référence à l'islam, il a répondu: «il n'y aura pas».

«Il y a possibilité que l’on efface l'article 1er dans sa version actuelle», a-t-il insisté. «Nous pouvons nous passer de mentionner une quelconque religion».

Selon lui, la suppression de toute référence à l'islam est destinée à combattre les partis d’inspiration islamiste comme Ennahdha, principale force dans le Parlement dissous par Saied.

«Si vous utilisez la religion pour faire de l’extrémisme politique, eh bien nous l’interdirons», a affirmé Belaïd, un universitaire âgé de 83 ans.

«Nous avons des partis politiques qui ont les mains sales et bien que vous le veuillez ou non messieurs les démocrates français ou européens nous n’accepterons pas dans notre démocratie des gens sales», a-t-il encore dit.

Après des mois de blocage politique, Saied, élu démocratiquement fin 2019, s'est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021 en limogeant le Premier ministre et en suspendant le Parlement dominé par Ennahdha, sa bête noire, avant de dissoudre l’assemblée fin mars.

Dans une feuille de route censée sortir le pays de la crise, Saied a annoncé un référendum sur une nouvelle Constitution le 25 juillet 2022, avant des législatives le 17 décembre.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 06/06/2022 à 16h52, mis à jour le 06/06/2022 à 16h56