Considérée encore il y a quelques années comme une destination de choix pour les études par de nombreux jeunes bacheliers africains, grâce à son système éducatif de qualité, mais aussi du fait de la politique du pays qui offrait des bourses à de nombreux étudiants de pays d’Afrique subsaharienne, la Tunisie n’est plus prisée. Et ce n’est pas surtout du fait de la crise économique qui réduit, il faut le reconnaître les bourses accordées à un certain nombre de pays, ni de la baisse de la qualité de ses formations, mais à cause de l’insécurité et surtout de la montée du racisme.
En effet, depuis quelques années, le racisme est devenue une source d’inquiétude pour de nombreux étudiants d’Afrique subsaharienne qui poursuivent leurs études en Tunisie. Des agressions violentes et des viols sont signalés chez la communauté des étudiants subsahariens. Du coup, de nombreux étudiants ont préféré rentrer chez eux ou poursuivre leurs études dans des pays jugés plus cléments.
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Ainsi, selon Christian Burkasa, président de l’Association des étudiants congolais en Tunisie, «6000 étudiants subsahariens ont quitté la Tunisie au cours de ces dernières années pour des raisons d’insécurité». Selon celui-ci, dans une déclaration à la TAP –Agence Tunis Afrique Presse-, en marge d’une manifestation organisée par Afrima Life sur le thème : «L’Afrique berceau de l’humanité», alors que la Tunisie comptait plus de 12.000 étudiants subsahariens en 2013, ils ne sont plus que 6.000 actuellement et «beaucoup comptent déjà partir parce qu’ils ne se sentent plus en sécurité».
La cause de ces départs est liée à l’insécurité. En effet, d’après Burkasa, «des étudiantes subsahariennes sont violées, d’autres étudiants sont agressés physiquement ou verbalement».
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Pour sa part, Leyla Khaiat, présidente de l’Association AFRIMA life, tout en mettant l’accent sur la nécessité de renforcer la fraternité et la solidarité entre toutes les communautés africaines, elle explique que «les comportements racistes et les agressions qui ont ciblé des étudiants subsahariens ne nous honorent pas. Nous les déplorons».
La dernière attaque à couteau de 3 étudiants congolais a suscité un émoi et poussé les autorités tunisiennes à agir en appelant à l’examen urgent d’un projet de loi contre le racisme et les discriminations.
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Dans une déclaration à France 24, le ministre tunisien chargé des relations avec la société civile reconnaissait qu’«une certaine partie de la population a des comportements, des attitudes racistes», avant de d’ajouter qu’«un Etat des droits de l’Homme ce n’est pas un Etat où il n’y a jamais d’actes racistes, mais où les actes racistes sont punis par les lois et où la loi est faite pour initier un changement de comportements».