Le président Abdelmadjid Tebboune devrait procéder, ce dimanche 21 février 2021, au remaniement du gouvernement. Il l’a d’ailleurs promis au cours de son allocution, il y a deux jours, le vendredi 18 février dernier, au cours de laquelle il s’est engagé à un remaniement ministériel «dans les 48 heures au maximum», selon ses dires.
Un remaniement en profondeur, si on se fie aux déclarations du président, à la veille de son retour en Allemagne, le 11 janvier dernier, où il a subi une opération au pied.
Devant la caméra, le président algérien, a déclaré, à propos du gouvernement qu’il a nommé il y a un peu plus d’une année, «El Houkouma fiha ou Alliha», ce qui signifie que «dans le gouvernement, il y a du bon et du mauvais».
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Un diagnostic aisé à poser, quand on voit la situation dans laquelle se trouve l’Algérie depuis son arrivée au pouvoir. Le remaniement annoncé devrait donc être marqué par le départ de plusieurs ministres, dont certains occupent des portefeuilles-clés, mais dont la gestion a été décevante.
En fait, Abdelmadjid Tebboune reconnaît par cette petite phrase, au sens très net, l’incompétence d’hommes qu’il a lui-même choisis pour relever les défis auxquels est confrontée l’Algérie, après deux décennies sous les quatre mandats successifs de Abdelaziz Bouteflika.
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Le nouveau gouvernement, qui devrait être annoncé dans la journée -après moult tractations avec les représentants des différents partis politiques algériens- est appelé à faire face à quatre grands défis, très difficiles à surmonter, une mission quasi-impossible, alors même que les Algériens ont perdu patience, avec des gouvernements inefficaces qui se succèdent sans résultat depuis des années.
Défi politique
Le gouvernement doit d’abord faire face au mouvement du Hirak, initié le 22 février 2019, et qui s’apprête à célébrer son second anniversaire dès demain, lundi 22 février, au lendemain de la nomination du nouveau gouvernement.
La revendication de ce mouvement populaire de protestation pacifique reste un changement démocratique en lieu et place d’un système qui perdure depuis l’indépendance de l’Algérie, et dont la classe politique actuelle n’est que le symbole de la continuité.
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Ainsi, le premier défi du gouvernement sera de mettre en oeuvre l’ensemble des moyens pour éviter que les Algériens ne réinvestissent encore la rue, ce qui sera très difficile. En effet, les conditions de vie de la population n’ont fait qu’empirer depuis l’arrivée de Tebboune au pouvoir. Si les manifestations populaires ont été interrompues, c’est uniquement à cause de la pandémie du Covid-19.
Mieux encore, les figures du mouvement du Hirak, dont ceux qui ont bénéficié d’une grâce présidentielle, appellent tous à la reprise du mouvement, jusqu’à ce que les objectifs fixés soient atteints, et tout particulièrement un gouvernement civil, totalement débarrassé totalement du vernis vert-kaki des militaires.
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Ce ne sera assurément pas ce nouveau colmatage du gouvernement qui va satisfaire les revendications populaires. Les tentatives du président Tebboune à la veille de la célébration de ce second anniversaire du Hirak risquent donc d’être vaines, tant, sous sa direction, les libertés publiques ont été plus bafouées qu’au temps de son prédécesseur, avec notamment de nombreuses arrestations dans les rangs des militants et des journalistes.
En clair, cette mission d’empêcher la reprise du Hirak s’avère impossible. Le seul rempart qui empêchera les Algériens de sortir massivement pour dire une nouvelle fois «non» à Tebboune et à son gouvernement, reste la crainte d’une contagion du Covid-19.
Défi sanitaire
Justement, le second défi auquel devra faire face le nouveau gouvernement que doit désigner Abdelmadjid Tebboune sera sanitaire, à. Cause de la pandémie du Covid-19.
Dans l’immédiat, le nouvel exécutif doit faire face à l’échec désastreux du processus d’acquisition des vaccins.
L’Algérie s’était fixée de vacciner 70% de sa population, pour freiner la transmission de la pandémie, une vraie gageure dans le contexte actuel, sachant que le pays n’a jusqu’à présent obtenu que 100.000 doses de vaccins.
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D’ailleurs, la campagne de vaccination, qui a été décidée à la va-vite, sur une décision -et un simple tweet- du président, a été un cuisant échec, décrié par les professionnels du secteur de la santé dans leur ensemble.
La crainte d’une troisième vague, et l’apparition d’une nouvelle variante dans la Tunisie voisine font que la crise sanitaire représente un défi majeur pour le nouveau gouvernement, au moment où les spécialistes craignent et avertissent sur une troisième vague de contagion.
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Au-delà de cette situation sanitaire désastreuse, la pandémie a permis de découvrir l’état de délabrement avancé du système sanitaire du pays, qu’il faudra affronter, avec une nécessaire remise à niveau de l’ensemble de ses infrastructures.
Défi économique
Le nouvel exécutif algérien sera, de plus, appelé à faire face à une crise économique aigüe.
Basée sur les recettes des hydrocarbures, l’économie algérienne a en effet été durement touchée par la chute des cours du baril de pétrole, consécutive à la chute de la demande mondiale, à cause des impacts de la crise sanitaire.
Une situation qui a fortement réduit les recettes en devises du pays, et mis à mal l’économie algérienne dans sa globalité, sachant que celles-ci représente 95% des recettes d’exportation, et plus de 50% des recettes budgétaires.
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Les déficits se sont en conséquence creusés, et le gouvernement a été obligé de prôner une politique d’austérité en interdisant les importations de nombreux biens, dans le but d’éviter que son matelas d’avoirs en devises, qui s’établit désormais sous la barre des 30 milliards de dollars, ne se retrouve réduit à la portion congrue.
Les annonces de la mise en place d’un nouveau modèle économique viable sont de toute façon restées lettre morte. Aucune réforme structurante n’a été menée par le gouvernement de Abdelmadjid Tebboune, lequel s’est seulement contenté de dévaluer le dinar, la monnaie nationale, afin de tenter d’atténuer le déficit du budget de l’Etat.
Ce n’est pas tout, la chasse aux sorcières qui a été menée envers certains oligarques du régime précédent de Abdelaziz Bouteflika, et des stratégies mal menées, concernant certains secteurs naissants, dont celui de l’automobile et de l’électronique, le gel de nombreux projets et, de surcroît, l’impact brutal de la pandémie se sont traduits par la faillite de nombreuses entreprises, et l’arrêt du travail de nombreuses autres.
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De fait, l’économie algérienne est quasiment à l’arrêt, faute d’investissements et le nombre de chômeurs ne cesse de croître dans le pays.
Le nouveau gouvernement que va désigner Abdelmadjid Tebboune aura donc la lourde tâche d’affronter courageusement cette crise économique sans précédent dans l’histoire du pays, avec, en plus, des marges de manœuvre réduites, à cause de la réduction drastique des réserves en devises.
Dans tous les cas, le président algérien sera contraint d’entamer un nouveau virage vers un modèle économique novateur, à même de permettre à l’Algérie de diversifier son économie, et de sortir -enfin- de la dépendance vis-à-vis de la rente pétrolière.
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De même, Tebboune, avec cette nouvelle équipe, devra lancer des réformes structurelles pour relancer l’économie algérienne sur des bases solides. Ces réformes passeront par l’abandon de certains dogmes, et le recours au financement extérieur, pour combler la faiblesse des ressources locales, afin de relancer l’investissement. C’est en effet là l’unique solution, à même de générer de la croissance et des emplois.
Mais pour cela, il faudra aussi pouvoir obtenir la confiance des investisseurs locaux et étrangers, dont beaucoup sont échaudés par les nombreux règlements de compte qui ont eu cours au sommet de l’Etat. Ce n’est pas tout: il faudra aussi améliorer l’environnement des affaires. Tout un programme…
Défi social
Enfin, le nouveau gouvernement devra affronter la grogne populaire, due à l’augmentation du nombre de chômeurs, suite à la faillite de nombreuses entreprises, et au ralentissement des activités de nombreuses autres sociétés.
Les manifestations des jeunes dans de nombreuses villes, réclamant des emplois, attestent de la montée des tensions sociales dans le pays.
A tout cela, s’ajoute la hausse généralisée des prix, et des pénuries de produits courants, dont ceux de première nécessité pour l’ensemble des foyers du pays: lait, viande, etc.
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La flambée des prix a, de plus, conduit à une détérioration du pouvoir d’achat des citoyens, du moins ceux qui ont cette chance de ne pas se trouver au chômage.
Bref, la contestation de la population qui en résulte, actuellement en pleine ébullition, pourrait donner un sérieux coup de pouce au mouvement du Hirak, que le gouvernement devra nécessairement calmer, afin d’éviter une explosion sociale.
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Devant ce qui paraît être d’énormes défis pour la nouvelle équipe gouvernementale du pays, les Algériens se montrent globalement sceptiques quant à la capacité de cette équipe dirigeante à résoudre de multiples problèmes, hérités des nombreux gouvernements qui se sont succédés au cours de ces dernières années à la tête de l’Algérie dirigés par Abdelmalek Sellal, Abdelmadjid Tebboune, Ahmed Ouyahia, Noureddine Bédoui et Abdelaziz Djerad.
Bref, le constat est désormais évident: le nouveau gouvernement sera handicapé dès le départ, à cause de tous ces obstacles, dont certains sont quasi-insurmontables.