Afrique de l'Ouest: après le tarif douanier commun, la monnaie unique pour bientôt

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Le 12/12/2016 à 16h12, mis à jour le 12/12/2016 à 16h57

Sur le plan de l'intégration, difficile de battre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Outre la mise en place d’un tarif douanier commun (TEC), la communauté régionale se prépare au lancement d’une monnaie unique en 2020. Elle fait également face à des défis.

L’Afrique compte plusieurs regroupements régionaux : CEDEAO, CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale), UMA (Union du Maghreb Arabe), CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), EAC (Communauté de l’Afrique de l’Est), SADC (Communauté pour le développement de l’Afrique australe), COI (Communauté de l’océan indien), etc.

De toutes ces institutions régionales, la CEDEAO est incontestablement la plus développée. Elle présente en outre un agenda d’intégration économique et monétaire clair, à l’horizon 2020.

Créée avec le Traité de Lagos signé le 28 mai 1975, la CEDEAO a un objectif clair : «promouvoir la coopération et l’intégration dans la perspective d’une union économique de l’Afrique de l'Ouest, en vue d’élever le niveau de vie de ses peuples, de maintenir et d’accroître la stabilité économique, de renforcer les relations entre les Etats membres est de contribuer au progrès et au développement du continent africain».

Sénégal: lancement prochain d'une nouvelle carte d’identité biométrique CEDEAO

La mise en place de ce regroupement a permis d’améliorer sensiblement les échanges intra-communautaires. Ceux-ci sont passés de 4% en 1975, date de la création de l’organisation, à 11% en 2005 et à 16% actuellement. Si au niveau africain, il s’agit du meilleur taux d’intégration régional, il n’en demeure pas moins que le niveau d’intégration demeure faible comparé à d’autres regroupements régionaux hors Afrique.

C’est pour donner une nouvelle impulsion aux échanges intra-communautaires que la CEDEAO est aujourd’hui engagée dans des chantiers qui ne manqueront pas de renforcer son intégration économique.

Parmi ces chantiers, il y a celui de la mise en œuvre du Tarif extérieur commun (TEC). Le TEC-CEDEA0, entré en vigueur en janvier 2015, prévoit la mise en place d’un marché commun à travers la libéralisation des échanges. Celui-ci vise à protéger les industries au sein de la CEDEAO contre les concurrences déloyales, à travers une union douanière. Sa mise en œuvre est effective dans 9 pays de la CEDEAO depuis l’année dernière et doit le devenir dans l'ensemble des pays de la zone, en janvier 2017. Ce même niveau de tarification sur les marchandises en provenance des pays tiers protège les produits communautaires et favorise l’investissement au niveau de la région.

La CEDEAO se penche sur la mise en œuvre du TEC

Par ailleurs, en octobre dernier, la première carte d’identité CEDEAO a été éditée au profit du président du Sénégal, Macky Sall. Cette carte d’identité sera généralisée aux citoyens des 15 pays de la zone. Il s’agit d’une carte révolutionnaire qui est, en même temps, une carte multi-usages sécurisée : carte d’électeur, moyen de paiement électronique, bulletin de santé, etc.

De même, la CEDEAO se penche actuellement sur de nombreux projets à même de renforcer l’intégration de la région. Ainsi, la CEDEAO aborde-t-elle le défi énergétique. La zone compte mettre en place un cadre d’échange et d’orientation pour la dynamisation des programmes régionaux, sachant que plusieurs infrastructures de production électrique sont partagées au niveau de la région dont l’OMVS, l’OMVG, etc. Les pays souhaitent réduire leur déficit énergétique en minimisant les coûts liés à l'approvisionnement en énergie et à l’exploitation des ressources naturelles dans la région. Dans ce même but, l’interconnexion des réseaux électriques permet de réaliser de conséquentes économies d’échelles à travers un marché intégré de l’électricité.

La BAD se penche sur les barrières non tarifaires au sein de la CEDEAO

De même, au niveau des télécommunications, après le projet de free roaming entre cinq pays de la région -Sénégal, Côte d’Ivoire, Mali, Burkina Faso et Guinée-, à fin mars au plus tard, la CEDEAO se penche désormais sur la mise en place d’un roaming gratuit au niveau des 15 pays de la CEDEAO.

Par ailleurs, la CEDEAO n’est pas que politique et économique. Elle a aussi une ambition de défense et de maintien de la paix au niveau de la région. C’est dans cette optique qu’elle a mis sur pied, en 1990, une force de maintien de la paix (Ecomog) pour faire face aux différents conflits dans la région. Aujourd’hui, face à la menace terroriste, et consciente de la faiblesse des armées des pays de la région, la CEDEAO va créer une force multinationale mixte pour faire face à ces enjeux sécuritaires. 

Reste que le projet phare qui permettra une véritable intégration de la CEDEAO demeure la création d’une monnaie unique en 2020. Cet ambitieux projet permettra de résoudre l’équation que constitue la pluralité des monnaies dans cet espace. Il faut souligner qu’en plus du Franc CFA que partagent les pays de l’UEMOA -Union économique et monétaire ouest africaine-, on compte 5 autres monnaies dans la région : Naira au Nigeria, Cedi au Ghana, Franc guinéen en Guinée, Leone au Sierra Leone et Dalasi en Gambie.

Vers une monnaie unique en 2020 au sein de la CEDEAO

Toutes ces monnaies devraient disparaître et laisser la place à une monnaie unique pour les 15 pays de la région. Monnaie qui sera différente du Franc CFA. La CEDEAO est engagée dans la mise en place d’un institut monétaire et d’une Banque centrale dans la perspective du lancement de cette monnaie unique, en 2020.

Ainsi, comme on le voit, la CEDEAO n’est pas encore une région totalement intégrée, mais c’est certainement, au niveau africain, le regroupement régional le plus avancé et qui offre les meilleures perspectives d’intégration au niveau de la région. Et si les projets en cours aboutissent, la CEDEAO deviendra une véritable union économique.

multinationale mixte pour lutter contre le terrorisme au Mali

Reste que malgré la signature d’accords, de protocoles et de conventions entre les pays membres de la CEDEAO, le commerce intra-régional demeure encore faible. L’importance des barrières non tarifaires, le déficit en infrastructures, la faiblesse de produits échangés, les difficultés liés à la connectivité et les problèmes de sécurité sont autant d’obstacles aux échanges commerciaux au niveau de la région.

Face à cette situation, il parait urgent de développer les infrastructures au niveau de la région en accordant les priorités au ferroviaire et aux autoroutes pour y accroître les échanges.

De même, en plus de la libre circulation des personnes, le Etats devraient aller vers une plus grande mobilité des biens. Ce qui est encore loin d’être le cas dans certains pays.

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Les 15 pays membres de la CEDEAO : Bénin, du Burkina‐Faso, du Cap‐Vert, de la Cote d’Ivoire, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée, de la Guinée Bissau, du Libéria, du Mali, du Niger, du Sénégal, de la Sierra Léone et du Togo.

Par Moussa Diop
Le 12/12/2016 à 16h12, mis à jour le 12/12/2016 à 16h57