La dernière visite du président nigérian, Muhammadu Buhari, au Maroc a relancé le projet de gazoduc reliant le Nigéria à l’Europe via le Maroc et traversant toute la côte d’Afrique de l’ouest.
En marge de cette visite historique, le roi Mohammed VI du Maroc et le président Muhammadu Buhari du Nigeria ont décidé du lancement de la 2e phase de ce méga-chantier structurant pour les économies africaines après que la NNPC –Nigerian national petroleum corporation- et l’ONHYM –Office national des hydrocarbures et des mines- ont achevé avec succès l’étude de faisabilité du projet démarrée en août 2016. Selon la déclaration des deux parties, «pour des raisons économiques, politiques, juridiques et de sécurité, le choix a été fait sur un tracé combiné onshore et offshore».
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Pour la validation définitive de ce gazoduc de 5.600 km, les autres pays de l'Afrique de l'ouest seront invités aux discussions, occasion également d’évaluer les volumes de gaz disponible dans la région pour alimenter le marché européen en gaz via le gazoduc.
Il faut souligner qu'au-delà des enjeux géopolitiques, les nombreux gisements gaziers découverts dans de nombreux pays de la sous région ou en cours d’exploitation militent pour la réalisation de ce gazoduc.
D’abord, il y a les importantes réserves non exploitées du Nigeria. Actuellement, le Nigeria possède les 9es réserves mondiale de gaz du monde estimées à 180.000 milliards de pieds cube de gaz, mais il n’est que le 24e producteur mondial de gaz. Le pays dispose d’importantes ressources gazières qu’il brûle lors de l’exploitation du pétrole et qu’il pourra mieux exploiter en éliminant le «torchage» de gaz. Le Nigeria est le second pays au monde en matière de torchage de gaz (brûler le gaz qui s’échappe des puits lors de l’extraction du pétrole), derrière la Russie, avec environ 15 milliards de mètres cube qui partent en fumée annuellement.
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Parmi les nouveaux gisements, il y a la seconde plus importante découverte de gaz faite en Afrique au cours de ces dernières années après celle de Zohr en Méditerranée par l’Egypte. Il s’agit du gisement de gaz naturel découvert à la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal et dont les réserves sont estimées à 450 milliards de mètres cubes.
Le démarrage de l’exploitation gazière étant prévu à partir de 2021 et 2023, le Sénégal et la Mauritanie auront grandement besoin de du gazoduc Nigéria-Maroc pour exporter leur gaz vers le marché européen qui sera certainement le principal client du gaz ouest africain, en cas de réalisation de ce projet structurant. Selon les estimations, le champ commun entre les deux pays permettrait une production de 227 milliards de mètres cubes sur 30 ans à partir de 2022.
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Suite à l’accord entre les deux pays pour l’exploitation commune via le partage équitable du gaz de ce gisement, les premiers mètres cubes devraient être disponibles dès 2021. Les besoins des deux pays en gaz étant limités, une part importante de ce gaz sera exportée vers le marché européen. Et dans cette optique, les deux pays auront fortement besoin de recourir à ce gazoduc pour exporter leur gaz.
Il y a aussi l’importante découverte faite par Kosmos au niveau du bloc offshore Kayar profond, situé à 95 km de la capitale Dakar, avec des réserves estimées à 15.000 milliards de mètres cube de gaz. La compagnie américaine avait également découvert d’importants gisements au niveau du bloc Teranga-1. Toutes ces découvertes et tant d’autres à confirmer font que certains observateurs soulignent que le Sénégal pourrait se situer au 7e rang mondial en termes de réserves gazières.
Par ailleurs, il y a les découvertes faites au Ghana et en Côte d’Ivoire. Au Ghana, les champs Sankofa Main, Sankofa East et Gye-Nyale situés au large offrent 270 Mbo de gaz non associé, soit environ 40 milliards de mètres cubes. D’autres blocs prometteurs sont en cours d‘exploration au niveau de l’offshore profond à frontière des deux pays.
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Bref, les réserves découvertes et celles en cours d’évaluation au niveau de l’Afrique de l’ouest vont permettre à la région ouest-africaine de se positionner, à partir de 2021, avec le démarrage de l’exploitation de certains champs gaziers de la région, sur la carte de la fourniture énergétique mondiale. Partant, la réalisation du gazoduc donnera un coup d’accélérateur à l’intégration et au développement de la région en permettant non seulement d’exporter le gaz de la région à un coût compétitif et sécurisé, mais aussi offrir la possibilité d’approvisionner les pays non producteurs en gaz.
Enfin, une fois réalisé, ce gazoduc pourrait même être prolongé dans une seconde étape vers les pays d’Afrique centrale producteurs de gaz, dont le Cameroun. C’est dire que ce projet est très stratégique et contribuera grandement à l’intégration économique du contient.