Bien que les craintes d’une hécatombe liée au Covid-19 pronostiquée par les experts locaux et internationaux, notamment ceux de l’OMS –Organisation mondiale de la santé- ne se sont pas confirmées, l’Afrique semble néanmoins avoir crié victoire trop tôt contre le coronavirus.
Le continent a affiché une résilience à toute épreuve face à la pandémie. Une donne qu’experts et autres observateurs ont du mal à expliquer scientifiquement. Du coup, plusieurs hypothèses ont affleuré les raisons de cette résistance inattendue.
Seulement voilà, la seconde vague de contagion qui a touché l’Europe, l’Amérique et l’Afrique du Nord risque aussi de toucher le reste du continent africain. D’ailleurs, les prémices de cette nouvelle vague de contagions sont perceptibles dans de nombreux pays du continent.
Prise globalement, la courbe de contagion au Covid-19 du continent africain qui était en cloche montre clairement le redémarrage d’une seconde cloche, synonyme d’une deuxième vague de contagions.
Ainsi, de la Mauritanie au Cameroun, du Sénégal au Mali, du Kenya à l'Afrique du Sud, les chiffres annoncés par les autorités montrent clairement la recrudescence des contagions.
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Et vu l’ampleur de la seconde vague un peu partout dans le monde, les craintes que celle-ci soit plus sévère que la première sont avancées.
D’abord, que ce soit en Europe, Amérique et en Afrique du Nord, cette seconde vague est beaucoup plus contagieuse. En Afrique, en prenant le cas des pays d'Afrique du nord (Maroc, Tunisie, Algérie et Libye), les chiffres des contagions ont explosé durant cette seconde vague. C’est le cas particulièrement au Maroc et en Tunisie, des pays qui réalisent le plus de tests au niveau de cette région. Du coup, certaines organisations dont l’OMS avertissent sur les craintes que cette seconde vague ne soit plus contagieuse et meurtrière que le première en Afrique.
Ensuite cette crainte est aussi soutenue par le climat froid qui prévaut au niveau de plusieurs pays africains et qui est favorable à la propagation des virus.
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En outre, l’ouverture des frontières terrestres et aériennes de nombreux pays constitue un facteur aggravant. A ce titre, plusieurs pays du continent ont ouvert leurs frontières à l'Europe pour les vols spéciaux tellement fréquents qu'ils ressemblent à des vols réguliers. Or, l’Europe est très affectée par cette seconde vague et les risques de contagion sont importantes.
Par ailleurs, il y a le relâchement des populations africaines dans l’observation des gestes barrières depuis plusieurs mois dans presque tous les pays d’Afrique subsaharienne. Le port du masque, la distanciation physique et le lavage des mains à l’entrée des établissements privés et publics ne sont que de lointains souvenirs presque partout sur le continent. Une situation qui pourrait être néfaste en cas de survenance d’une seconde vague.
De même, le pire est que dans l’inconscient populaire, l’Africain est immunisé face au Covid-19 qui «touche essentiellement les Occidentaux» et qui, de toutes les manières, tue beaucoup moins que les pandémies du continent.
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La première vague n’a fait que 52.000 décès officiellement. On est loin des 400.000 morts du paludisme et des 500.000 morts du Sida par an au niveau du continent. Ces chiffres pourraient même doubler en 2020 à cause du Covid-19 qui a accaparé toute l’attention des autorités sanitaires et des effets du confinement qui ont empêché de nombreux malades de se rendre dans les hôpitaux.
Enfin, comme ce fut le cas lors de la première vague, l’Afrique subsaharienne a tendance à prendre le relais avec un à deux mois de retard sur l’Europe.
Bref, tous les ingrédients d’une seconde vague de contagions sont réunis, ou presque.
D’ailleurs, dans de nombreux pays du continent, les autorités ont annoncé de nouvelles mesures pour y faire face. C’est le cas du Sénégal où les membres du gouvernement ont été priés de s’impliquer davantage dans la lutte contre le Covid-19 par le président Macky Sall, et cela suite au relâchement constaté et à l’augmentation des cas communautaires. L’accent devant être mis sur les contrôles systématiques du port du masque dans les transports, lieux et établissements publics, etc.
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Une chose est sûre, les contagions augmentent. On est passé d’une moyenne de 8.000 cas quotidiens entre août et octobre, avant de bondir autour de 14.000 cas quotidiens depuis début novembre dernier. Et cela concerne presque tous les pays du continent.
L’Afrique du Sud, le pays le plus touché par la pandémie avec plus de 814.565 cas connaît aussi une nouvelle hausse de contagions. Après des contagions tournant autour de 1.500 nouveaux cas quotidiens en septembre et octobre, le pays dépasse depuis le début du mois de novembre les 4.000 cas quotidiens.
Pour sa part, la Mauritanie qui enregistrait moins de 20 cas quotidiens depuis fin juillet, a vu subitement le nombre de personnes contaminées croitre de manière exponentielle depuis le 20 novembre. Ainsi, les 4, 5 et 6 décembre, un cumul de 511 cas a été enregistré en 3 jours pour à peine 3.000 test réalisés. D’ailleurs, plusieurs personnalités politiques du pays sont infectées par le Covid-19. Ce qui donne une idée sur l’ampleur de la recrudescence de la pandémie dans ce pays.
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Même alerte au Mali. «Le fléau est, de plus en plus, dans nos familles. Il est, de plus en plus, dans nos bureaux. Il, est de plus en plus, dans nos rassemblements. Il est, de plus en plus dans le district qui reste l’épicentre de la propagation au niveau national», s’est offusqué le président malien le 30 novembre dernier, suite à la recrudescence des cas de Covid-19.
Faut-il pour autant craindre que celle-ci soit plus grave et plus meurtrière en Afrique que la première? Pour nombre d’observateurs, le continent pourrait afficher une seconde résilience, comme ce fut le cas lors de la première vague de contagion.
Ils appuient leurs arguments sur un nombre de facteurs. D’abord, la jeunesse de la population africaine fait que plus de 85% des personnes contaminées en Afrique sont asymptomatiques. La majeure partie des personnes durement touchés par la pandémie sont des personnes âgées dont la proportion est faible dans de nombreux pays du continent.
Ensuite, la fréquence des pandémies (ébola, paludisme, etc.) semble favoriser une certaine immunité aux populations d’Afrique subsaharienne. D’ailleurs, l’un des remèdes contre le Covid-19, la chloroquine, est un médicament d’usage courant en Afrique pour prévenir et guérir le paludisme. Certains n’hésitent pas à avancer l’hypothèse selon laquelle ce remède pourrait être le principal facteur de la résilience des populations africaines face à la pandémie.
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En outre, des raisons génétiques sont avancées pour expliquer la résilience du continent.
Enfin, l’arrivée de nombreux vaccins devrait aussi bénéficier doublement au continent africain, même si les pays africains risquent de figurer parmi les derniers à profiter de ces remèdes. D’abord, la vaccination des ressortissants des pays développés devrait éliminer les contagions importées d’Europe et des Amériques qui sont à l’origine de l’apparition et de la recrudescence du virus sur le continent. Ensuite, les lots de vaccins promis aux pays africains par la Chine et d’autres organismes (Banque mondiale, GAVI, etc.) devraient au moins permettre la vaccination de la population la plus exposée et les personnes les plus vulnérables.
Bref, la seconde vague ne devrait pas faire plus de victimes que la première et ce d’autant que les Etats et les populations savent désormais comment faire face à la pandémie avec peu de moyens.
Toutefois, la prudence doit être de rigueur. Les pays maghrébins (Maroc, Tunisie, Algérie et Libye), déjà touchés par cette seconde vague et qui sont en train de connaître le fléchissement de la courbe, dans le sillage de l’Europe, ont enregistré des cas de contagions et de décès liés au Covid-19 beaucoup plus élevés que lors de la première vague.
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L’espoir de l’arrivée de vaccins qualifiés de prometteurs ne doit pas aussi être source de laisser-aller face à cette seconde vague qui est à ses débuts en Afrique subsaharienne. Selon Dr John Nkengasong, directeur du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique), «nous devons éviter d’être emporté par la perspective du vaccin. Je ne suis pas sûr que nous auront les vaccins avant le deuxième trimestre de l’année prochaine. Cela veut dire que les méthodes mises en place, dépistées pour combattre le Covid-19 sont encore valables».
D’après ses projections, le continent africain devrait attendre le deuxième trimestre 2021 pour obtenir les vaccins. Du coup, il met en garde contre la seconde vague. Même son de cloche au niveau de l’OMS. «Les vaccins ne signifient pas zéro Covid-19», affirme Mike Tyan, expert de l’organisation.
Une chose est sûre: vaccin ou pas, on doit apprendre à vivre encore avec ce virus.