Historiquement, dans la société maure, les tâches sont clairement délimitées entre guerriers et marabouts. Pour autant, Mohamed ould Cheikh Ahmed dit Ghazouani, issu d’une famille maraboutique de l'Est de la Mauritanie, a choisi le métier des armes pour gravir tous les échelons jusqu'au grade de général de division avant de prendre sa retraite il y a quelques mois pour occuper le poste clé de ministre de la Défense.
L’homme est sur le point de devenir le président de la République Islamique de Mauritanie, dans la perspective d’un scrutin prévu en juin 2019, ayant été adoubé par le président sortant, la majorité présidentielle et même une partie de l'opposition.
Bataille qui sera engagée avec tous les atouts de nature à garantir une éclatante victoire, dans le contexte politique d’un pays dont «les électeurs» finissent toujours par «adouber» les candidats bénéficiant du soutien de l’armée.
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Le décor est désormais planté, et la montée vers les cimes de la République de l’ancien chef d’état-major général des armées (CEMGA) semble irrésistible.
Une conviction très partagée en Mauritanie. Un état d’esprit illustré par cet éditorial du célèbre hebdomadaire «Le Calame» dans sa livraison du mercredi 6 février 2019. Sur un ton moqueur, l’organe fondé par feu Habib ould Mahfoud, un journaliste irrévérencieux à l'égard du pouvoir militaire, rappelle que «dans la vie tout est précaire. Ceux qui, hier réclamaient un troisième mandat, et n’imaginaient pas la Mauritanie sans Mohamed ould Abdel Aziz, en sont à faire la danse du ventre devant Ould Ghazouani. Et, au rythme où vont les choses, ils ne tarderont pas à s’attaquer, ouvertement à leur bienfaiteur. Ces gens, comme disent les ivoiriens, sont nés avant la honte», écrit Ahmed Ould Cheikh, son directeur de publication.
Qui est donc ce très probable futur président de la République Islamique de Mauritanie? Mohamed ould Cheikh Ahmed Ghazouani est né en 1954 dans la région de l’Assaba, située à 600 kilomètres de Nouakchott, dans le grand Est mauritanien.
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Pendant les premières années de sa vie, le jeune garçon reçoit une éducation dans la pure tradition soufie, marquée par une rigueur inflexible dans le respect des préceptes religieux, sous la conduite de son père, une grande figure de la «Qadriya», notamment la branche appelée «Ghougviya Chadhiliya» en référence au nom de son fondateur, Cheikh Mohamed Laghdaf.
Le futur général appartient ainsi à une famille religieuse «respectée, et même adulée» témoigne Brahim ould Bakar ould Sneiba, commandant à la retraite de l’armée nationale.
A la fin des études secondaires en 1978, Mohamed ould Cheikh Ahmed Ghazouani est enrôlé dans l’armée. Il intègre la célèbre Académie militaire de Meknès du Maroc qui a formé nombre de dirigeants militaires, devenus chefs d'Etat africains à la faveur de putschs, à l'instar de l'actuel président mauritanien, Mohamed ould Abdel Aziz.
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D'ailleurs, depuis leurs formations à Meknès, les deux hommes forment un duo dont l’influence sur le destin de la Mauritanie est une réalité incontournable depuis le 3 août 2005, date du coup d'Etat contre Ould Taya.
Spécialiste du renseignement militaire, Ghazouani gravit rapidement les échelons de la grande muette. Avec ses galons de colonel, il hérite du poste stratégique de Directeur général de la sûreté nationale (DGSN) après le coup d’Etat d'août 2008, marquant la chute du président élu quelques mois plus tôt, Sidi ould Cheikh Abdallahi.
Nommé général en 2009, il devient chef d’état-major en 2009. De la station de patron des armées «il s’attèle à mettre en place un outil de défense performant pour endiguer la vague de terrorisme dont la Mauritanie était l’épicentre à l’époque.
Il conservera ce poste jusqu'à la retraite en fin 2018 et sa nomination au poste de ministre de la Défense.
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Quelques mois après, il est choisi pour succéder au président Mohamed ould Abdel Aziz qui va boucler ses deux mandats à la tête de la Mauritanie et qui ne peut plus se représenter à la tête du pays.
Du coup, il est adoubé par son compagnon de 30 ans, Ould Abdel Aziz, la hiérarchie militaire qui maintient sa mainmise sur l'Etat, la mouvance présidentielle recomposée et même une partie de l'opposition radicale. C'est dire qu'un grand boulevard s'ouvre à Ghazouani et ce d'autant que l'opposition n'arrive pas à se mettre d'accord sur un candidat unique à même de lui barrer la route.
«Son milieu social d’origine lui vaut un respect et une affection profonde. Sa politesse et sa générosité sont connues de nombreux Mauritaniens. Les officiers, sous officiers et hommes de troupes, gardent de lui le souvenir d’un homme affable, intelligent, commandant sans heurt et sans effort, tels que le recommande la déontologie des armées», témoigne encore Brahim ould Bacar ould Sneiba, ex-commandant de l'armée mauritanienne.
Discours identique de la part de Dieguy Thiam, adjudant-chef de police à la retraite, qui a été son secrétaire particulier, et donc très proche pendant plusieurs années à la sûreté. Il loue «les qualités d’un homme pieux, ouvert et respectueux de ses collaborateurs».