Air Sénégal: la gestion du directeur général déjà décriée

Un appareil d'Air Sénégal S.A.

Un appareil d'Air Sénégal S.A.. dr

Le 14/10/2018 à 14h15, mis à jour le 14/10/2018 à 14h18

Air Sénégal a mal démarré. La desserte Dakar-Ziguinchor-Dakar n’est pas régulière, le vol Dakar-Abidjan-Cotonou est assuré par les avions d’Air Côte d’ivoire et la comptabilité interne fait défaut depuis deux mois. L’expert Ablaye Diop fait le diagnostic de la nouvelle compagnie nationale.

Air Sénégal a démarré ses activités il y a seulement 6 mois, et les difficultés se multiplient déjà. L’expert en transport aérien, Ablaye Diop, impute ces problèmes aux autorités et surtout à la gestion catastrophique du directeur général, Philippe Bohn, qui conduit la nouvelle compagnie nationale vers un avenir incertain. Le consultant a décrié le lancement précipité des vols vers la sous région ouest-africaine.

Ablaye Diop émet des doutes quant à l’avenir de la nouvelle compagnie nationale, Air Sénégal. «Pour une toute nouvelle compagnie aérienne, la seule et unique desserte de Ziguinchor, opérée par un ATR de 72 places (le deuxième ATR étant hors service), voit ses deux vols quotidiens tourner de manière irrégulière avec un taux de remplissage très bas qui indique un déficit d’exploitation important», a-t-il déclaré au journal Les Echos.

L’autre difficulté que traverse la compagnie nationale est liée aux ventes insuffisantes des billets d’Air Sénégal malgré leur élargissement à tout le réseau Lata. «L’autre acteur de cette destination, Transair, n’a pas fléchi dans ses parts du marché», explique-t-il, à cause de la mauvaise politique de la direction de l’entreprise.

Une desserte Dakar-Abidjan-Cotonou confiée à Air Côte d’Ivoire

Air Sénégal n’en a pas fini de résoudre les problèmes rencontrés dans ses dessertes locales, qu’elle annonce le démarrage de ses vols vers la sous région ouest-africaine. La direction générale de la compagnie use de toutes les subterfuges pour tromper la vigilance des Sénégalais qui ont hâte de voir leur compagnie nationale sortir de la zone de turbulences. «Cette incurie de l’équipe de la direction va se répéter, encore, avec le lancement des vols d'Air Sénégal dans la sous région avec la desserte Dakar-Abidjan-Cotonou», souligne Ablaye Diop. «Ce vol n’appartient pas au pavillon national et à l’Anacim.

C’est un vol d’Air Côte d’Ivoire, avec un numéro de vol commercial d’Air Côte d’Ivoire, un personnel navigant commercial d’Air Côte d’Ivoire, un Airbus A319 (l’appareil le plus vieux de la compagnie ivoirienne), loué à Air Côte d’Ivoire», dénonce-t-il. Et le plus regrettable dans cette affaire est que «les recettes des billets de cette desserte Dakar-Abidjan-Cotonou et Cotonou-Abidjan-Dakar, estimées à 180 millions de francs Cfa (270.676 euros) par mois, sont versés à Lata à Air Côte d’ivoire», regrette le consultant en transport aérien.

Une comptabilité interne gérée de manière informelle

La comptabilité interne, qui est l’un des points les plus sensibles dans une compagnie aérienne, est semble-t-il négligée à Air Sénégal. Selon Ablaye Diop, «depuis plus de 10 mois, des prestations IOSA qui n’existent pas ont été opérées pour le compte d’Air Sénégal par les cabinets de droit sénégalais... Et depuis plus de 2 mois, Air Sénégal mène ses activités sans aucune comptabilité formalisée en interne».

La manière avec laquelle le directeur général, Phillip Bohn, gère la compagnie aérienne nationale sénégalaise n’est pas, semble-t-il, indiquée pour sa réussite. «A cette allure, la grande ambition nationale, telle que voulue par le Président de la République, risque de n’être qu’un vœu pieux. Demain, lorsque cette direction générale s’en ira, la mort d’Air Sénégal SA aura été actée, et peut même survenir dans les prochains mois », prédit Ablaye Diop.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 14/10/2018 à 14h15, mis à jour le 14/10/2018 à 14h18