Gabon: des redoublements scolaires en cascade, les parents pointés du doigt

Des élèves dans une écoles gabonaise.

Le 21/04/2024 à 11h09

VidéoAu Gabon, malgré l’obligation scolaire et un taux de scolarisation élevé, le pays fait face à un paradoxe préoccupant: un taux de redoublements record. Les acteurs du système éducatif se penchent sur l’importance de l’implication des parents dans le suivi scolaire de leurs enfants.

Au Gabon, l’école est obligatoire de 6 à 16 ans, le pays affiche un taux national de scolarisation (TNS) de 93%. Pourtant, il reste le pays qui compte le plus de redoublements scolaires au monde, deux fois plus que la moyenne en Afrique. C’est une situation paradoxale qui met sur le banc des accusés, l’ensemble des acteurs du système éducatif national.

Pourtant dans cet environnement scolaire en difficulté, il y a quelques exceptions à la règle. Minto’o Akué tient les classes de 5ème année à l’école publique Martine Oulabou du boulevard Bessieux à Libreville. L’enseignante dit avoir mis en place un programme de suivi scolaire pour ses élèves aux résultats plutôt mitigés, «Chaque matin, je fais un contrôle de connaissances avec les élèves. Au fur et à mesure, ils s’habituent...Mais on rencontre des difficultés, il y a certains qui jusqu’alors n’ont pas encore pris le train en marche. Malgré tous ces efforts, je me suis rendue compte que beaucoup de parents ne suivent pas leurs enfants à la maison», se désole-t-elle.

La collaboration école-famille et, plus spécifiquement, l’implication des parents dans le suivi scolaire de leurs enfants font l’objet de nombreux débats et recherches entre tous les acteurs du monde de l’éducation. Selon le constat établi par les enseignants eux-mêmes, la promotion collective du suivi scolaire reste un défi entier dans le milieu de vie de l’enfant.

Certains parents avouent d’emblée leur démission prétextant des activités professionnelles. «Aujourd’hui, nous avons dans les familles, les deux parents qui sont des professionnels. Il leur arrive parfois d’être à la maison à des heures tardives. Il est donc parfois difficile pour un parent qui a lui-même travaillé durant toute la journée de trouver l’énergie nécessaire pour suivre l’enfant», témoigne, Jean Pierre Mongomo, parent d’élève.

Une situation similaire à celle que vit Ghislain. Il est chauffeur de taxi. «Je fais un boulot un peu compliqué. Je suis de chez moi à 5h30, je rentre à 19h ou 20h. Épuisé, le temps de me doucher et essayer de regarder la télé puis je dors dans la chambre. Mais les week-ends, je fais le contrôle pour voir s’ils sont assidus à l’école», déclare-t-il.

Les parents sont les premiers éducateurs de ceux qui leur doivent la vie. À la faveur du dialogue national en cours au Gabon, les professionnels de l’éducation se sont penchés sur la problématique du suivi scolaire des élèves. «C’est une approche partagée. Elle est double. L’école fait sa part. Mais le milieu familial doit aussi faire sa part du suivi scolaire. C’est justement l’une des questions qui a été abordée au cours de nos débats pour voir quel est le mécanisme qu’il faut mettre en place pour sensibiliser les parents au suivi scolaire des enfants», a déclaré, Pr Guy Serge Bignoumba, Président de la sous-commission formation lors du débat national, enseignant des universités.

Mais selon toute vraisemblance, l’une des équations à résoudre est de savoir la manière avec laquelle le parent d’élève peut offrir des ressources nécessaires à ses enfants à la maison sachant qu’il n’a aucune base de formation pédagogique, sauf pour ce qui est des parents qui sont enseignants ou toute personne qui ont au moins un niveau d’instruction. C’est dans ce sens que les spécialistes de la formation conviennent que la promotion collective avec un pourcentage de réussite de 100% d’une classe à l’autre à l’intérieur d’un niveau est la résultante d’une application dans le suivi familial.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 21/04/2024 à 11h09