En 2028, tous les pays de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac) auront totalement interdit l’exportation des grumes. Cette mesure avait été collégialement prise par l’ensemble des pays de la sous-région Afrique centrale réunis au sein de leur zone économique Cemac (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad).
L’objectif de cette décision est de promouvoir la transformation locale du bois et de maximiser les retombées économiques de cette filière dans chacun de ces pays.
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A ce jour, pour respecter cet engagement, le Cameroun a pris plusieurs mesures parmi lesquelles l’augmentation des droits de sortie sur les grumes de 60% à 75% de la valeur FOB, qui est le coût d’une marchandise, majoré des frais de transport et d’assurance.
L’exportation de 76 essences de bois sous forme de grumes est également interdite. Pour favoriser la transformation locale du bois, l’Etat a décidé d’exonérer l’importation des machines et équipements des taxes douanières.
La Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) prévoit une production nationale de 5,22 millions de mètres cubes pour l’année, contre 5,19 millions en 2024, soit une augmentation de 28.700 mètres cubes par rapport à l’année précédente.
Le gouvernement est conscient de la baisse des recettes fiscales que ces mesures vont entrainer mais vise le développement de l’industrie de transformation du bois qui va générer les emplois dans le pays et les investissements que le Cameroun pourra bénéficier.
Au sein de la société civile, quoique plusieurs organisations professionnelles soient optimistes, quelques-unes émettent des réserves quant à l’accélération du processus au Cameroun.
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Achille Wankeu, chargé des projets à l’organisation non gouvernementale Centre pour le développement et l’environnement (CED), explique: «Je crois sincèrement que les actions de notre pays ne sont pas suffisantes pour une interdiction totale de l’exportation des grumes. En plus à ce jour, aucune industrie de transformation ne s’est encore installée au Cameroun alors que l’échéance de 2028 est toute proche».
Plusieurs reports
Selon des études, ce n’est pas la première fois que les pays de la Cemac envisagent d’interdire de telles exportations. «Les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale ont pris, en septembre 2020, la décision d’interdire, dès le 1er janvier 2022, l’exportation de bois de grumes. En juillet 2021, son entrée en vigueur a été reportée au 1er janvier 2023. Ils ont ainsi instauré une période transitoire allant de janvier à décembre 2022 pour procéder aux études de maturation des projets d’investissements dans la transformation du bois»
Il est pourtant crucial que le Cameroun se prépare à cette transition pour maintenir sa compétitivité dans la transformation du bois et éviter une perte de parts de marché.