«Si les éléments rassemblés jusqu’ici concourent à dire que c’est un crime d’Etat, il y a justement un risque que la politique tue cette affaire. D’où l’impératif pour la justice de notre pays de prendre ses responsabilités». Ces déclarations sont celles de Jean-Patient Tsala, journaliste à la radio urbaine Royal Fm à Yaoundé et président de la section centre du Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC).
Jean-Patient, comme bon nombre de ses confrères camerounais, n’oublieront pas de sitôt les circonstances qui ont conduit à l’assassinat de leur confrère Martinez Zogo, porté disparu le 17 janvier 2023, retrouvé mort dans une broussaille cinq jours plus tard. Seuls les habits et les chaussures qui avaient été retrouvés sur les lieux ont permis à son épouse de l’identifier. Selon les premières éléments livrés alors par la famille du défunt après autopsie, Martinez Zogo a été victime d’une violence indescriptible avant sa mise à mort.
A en croire le milieu de la presse et les acteurs de la société civile, c’est le crime d’un journaliste qui aura attiré tant d’émotions et de mobilisation de tous les citoyens.
Par le passé, le pays avait déjà connu l’assassinat des journalistes Samuel Wazizi, Jules Koum Koum, Bibi Ngotta et bien d’autres abattus dans la guerre sécessionniste dans les régions anglophones du pays.
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Le Cameroun dispose pourtant d’un arsenal des textes juridiques susceptibles de protéger les journalistes dans leurs fonctions quotidiennes. Mais l’on remarque au fil du temps que cette protection n’est pas entièrement assurée par les pouvoirs publics.
Et pour y parvenir, Eva Etonguè Mayer, experte des questions de droits de l’homme et vice-présidente de Transparency International au Cameroun, estime que les parlementaires devraient veiller à l’application des textes législatifs et réglementaires non seulement pour l’intérêt des hommes et femmes des médias mais aussi les autres citoyens qui sont aussi victimes des cas de violences.
Selon elle, les journalistes eux-mêmes devraient aussi participer à leur protection en respectant scrupuleusement les règles d’éthique et de déontologie de leur profession.
Dans le pays, les professionnels du micro ne font pas entièrement confiance au Conseil national de la communication (CNC) du fait de sa vocation à réguler le secteur de la communication davantage porté sur les représailles contre des journalistes qui_ seraient fautifs que sur la protection de ces professionnels.