Deux semaines après la rentrée scolaire au Gabon, que faire des laissés pour compte du système éducatif national? C’est à cette équation que se trouve confrontés plusieurs centres d’accueil pour enfants en difficulté sociale. Mintsa Mi Mvé, 17 ans, est l’un des nombreux pensionnaires de la maison Arc-en-ciel.
L’adolescent sort d’une formation militaire qui a tourné court pour défaut d’acte de naissance. Depuis trois semaines, il a intégré le centre pour s’offrir une deuxième chance dans la vie active en suivant un programme de lecture et d’écriture. «J’ai appris jusqu’en classe de 5ème. Puis je suis allé en formation militaire à la Garde Républicaine. N’ayant pas d’acte de naissance, j’ai eu quelques difficultés à y rester. En attendant de régulariser ma situation, je suis les cours ici pour ne pas perdre la main», témoigne-t-il.
Le jeune Mintsa n’est donc pas un enfant abandonné comme certains envoyés en adoption au centre. C’est la preuve que les situations varient d’un résident à un autre. En revanche, dans ce drame sans fin des jeunes en difficulté sociale, Daniella 13 ans a été conduite à l’Arc-en-ciel après une fugue. Partie de la maison sur un coup de tête et sachant à peine lire et écrire, l’espoir qu’elle intègre une école s’avère bien mince. «J’ai eu des problèmes avec papa. Un jour j’ai décidé de fuguer. Après, la police m’a ramassée et m’a amenée ici. Je suis arrivée ici le 29 février 2024. Avec les autres enfants, j’apprends à bien me comporter avant de trouver une solution de retour à la maison», a-t-elle expliqué. Daniella n’est même pas encore sortie de l’enfance qu’elle se retrouve dans le registre des enfants étiquetés avec des troubles de comportement.
Depuis bientôt deux décennies, ce pensionnat essaie de relever le défi de la réinsertion sociale des jeunes abandonnés. L’âme de l’association, c’est Melisa Leslie Obone Obiang, la directrice d’Arc-en-Ciel.
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C’est une course contre la montre car elle veut à tout prix les réintégrer dans la société. «Nous faisons dans l’insertion et la réinsertion. C’est-à-dire que nous ne gardons pas les enfants sur une longue période. Pour certains qui ont encore des parents, nous travaillons en amont avec eux. Nous espérons une contribution des parents pour ceux qui ne sont pas encore scolarisés. Pour les occuper afin qu’ils ne puissent pas perdre la main nous leur faisons des exercices de rapidité à l’écriture. Là comme vous pouvez le voir, ils sont suivis par nos encadreurs pédagogiques», précise-t-elle.
Outre des cours de lecture et d’écriture, le centre offre aussi des formations à ses jeunes, notamment en couture et bricolage. Ici, ils vivent en vase clos, soumis à une discipline digne des religieuses et à la poignée de fer des établissements privés.