Le secteur du transport aérien confirme sa dynamique de croissance après la parenthèse du Covid-19. La hausse du trafic de passagers et du flux de marchandises, les commandes de nouveaux avions par de nombreuses compagnies aériennes et la création de nouveaux pavillons traluisent cette dynamique et laissent présager d’intéressantes perspectives de croissance pour le secteur.
L’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa) a dévoilé, dans sa newsletter de cette semaine entièrement consacrée à son 56e Assemblée générale, ses prévisions sur le transport aérien en Afrique.
L’Afraa estime que le trafic de passagers devrait croitre de 15% en 2024 par rapport à 2023 pour atteindre 98 millions. En 2023, avec 85 millions de passagers, l’Afrique n’a représenté que 2% du trafic mondial. Si la prévision se confirme, le trafic de passagers assuré par les compagnies aériennes africaines devrait dépasser celui de 2019, année précédant la pandémie et qui s’était établi à 96 millions de passagers.
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Le transport aérien reste très inégalement réparti au niveau du continent. L’Afrique du Nord demeure de très loin la région la plus dynamique et devrait représentait 40,4% du total du trafic de passagers du continent. L’Égypte, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie possèdent les compagnies qui comptent parmi les plus importantes du continent en termes de flottes, mais disposent également d’importantes diasporas en Europe et en Asie qui leur assurent des trafics de voyageurs conséquents avec ces régions.
À cela s’ajoutent les atouts touristiques de ces pays qui impactent positivement l’activité de transport des passagers. En outre, certains de ces pays constituent des hubs pour le trafic de voyageurs en provenance de l’Afrique subsaharienne et se dirigeant vers le reste du monde, l’Europe, l’Asie et l’Amérique en premier. Loin derrière l’Afrique du Nord, arrivent l’Afrique australe, de l’Ouest, Centrale et de l’Est avec respectivement 20,5%, 19,9% et 19,2% du trafic de passagers.
Le fret devrait augmenter de 49,76%
Le fret aérien devrait croitre pour passer de 1,035 en 2023 à 1,55 millions de tonnes en 2024, soit une hausse 49,76%, reflétant la forte dynamique notamment des pays enclavés dépendant du commerce aérien comme l’Èthiopie.
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Parallèlement à la hausse du trafic, la rentabilité des compagnies aériennes africaines, prises globalement, devrait se confirmer en 2024. Selon les prévisions de l’Afraa, les compagnies aériennes du continent devraient enregistrer 100 millions de dollars de bénéfice.
Un résultat qui sera presque identique à celui de 2023. Toutefois, ce résultat global ne doit pas cacher des inégalités. En effet, seule une poignée de compagnies devraient enregistrer des bénéfices en 2024. Parmi celles figurent Ethiopian Airlines et sa filiale Asky, Royal Air Maroc,…
La majorité des compagnies aériennes du continent devrait enregistrer des pertes, comme ce fut le cas les années précédentes. En effet, de nombreuses compagnies du continent ont souffert du Covid-19, pandémie suivie par la flambée des cours du kérosène au début de la guerre Russie-Ukraine. Résultat: plusieurs compagnies africaines ont été maintenues sous perfusion étatique ou se sont fortement endettées. Cependant, les programmes de restructuration entreprises par de nombreuses compagnies aériennes dont South African Airlines d’Afrique du Sud, de Kenyan Airways… pèsent lourd sur les résultats des pavillons africains.
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Le bénéfice attendu par les compagnies du continent est quasi nul comparativement aux 30,5 milliards de dollars que devrait engendrer le secteur du transport aérien mondial en 2024. Avec un bénéfice par passager de 0,5 dollars pour les compagnies aériennes africaines, contre 7,28 dollars en moyenne mondiale, on comprend que le continent doit faire face à des défis énormes pour rendre son secteur aérien rentable.
En clair, en dépit des perspectives de croissance, le secteur du transport aérien africain fait face à de nombreux défis qui entravent son développement et sa rentabilité. Parmi ces défis figurent les environnements difficiles: conflits qui rallongent les itinéraires de vol et augmentent les coûts en kérosène, problèmes sécuritaires au niveau des aéroports, les coûts du kérosène dans les aéroports africains, l’inaccessibilité des avions aux populations à cause du coût exorbitant du billet, la forte présence des compagnies aériennes étrangères au niveau du continent (Turkish Airlines, Emirates, Qatar Airways, Air France, Iberia, British Airways…
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Nonobstant, l’Afraa table sur une hausse du trafic aérien d’Afrique et table sur 300 millions de passagers d’ici 2050, soit une multiplication du trafic de passagers actuel par trois. Une augmentation qui sera tirée par la croissance économique du continent, la croissance démographique et par l’expansion des flottes des compagnies du continent qui devrait atteindre 1.525 appareils en opération d’ici 2043 dont 1.170 nouvelles livraisons. La baisse des tarifs des billets grâce à l’ouverture du ciel aérien du continent dans le cadre du Marché unique du transport aérien africain (Mutaa) contribuera également à cette croissance de secteur aérien du continent.