La 28ème conférence mondiale sur le climat (COP28), qui se déroule à Dubaï jusqu’au 12 décembre, bat son plein. Le monde entier s’y est donné rendez-vous pour débattre des grandes questions de l’heure, notamment le financement du climat dans les pays en développement et la sortie ou non des énergies fossiles. Un rendez-vous déterminant pour l’avenir de la planète.
Au cours des cinq premiers jours de la COP28, les dons destinés au fonds dédié aux pertes et dommages causés par le changement climatique ont afflué, atteignant environ 500 milliards de dollars, bien que ce montant reste encore en deçà des attentes, souligne un spécialiste. À côté des dons, il y a aussi les financements à destination notamment des pays africains.
Et, s’il y a un pays du continent qui peut d’ores et déjà se vanter d’une bonne moisson, c’est bien le Rwanda. En effet, en marge de la COP28 qui vise à concrétiser l’objectif de l’Accord de Paris, consistant concrètement à maintenir le réchauffement en dessous de 1,5 degré, la Banque européenne d’investissement (BEI) et la banque rwandaise Bank of Kigali ont confirmé qu’elles mettaient au point une nouvelle initiative de financement ciblée sur l’agriculture durable.
Ainsi, selon la BEI, grâce à cette initiative, 100 millions d’euros de nouveaux investissements climatiques pourront être débloqués en faveur des petits exploitants agricoles et de l’agro-industrie, et les entreprises appartenant à des femmes pourront accéder plus facilement au financement dans le pays des mille collines. À cela s’ajoute un prêt et une assistance technique de 20 millions d’euros pour le soutien à la transition verte au Rwanda par le biais d’Ireme Invest, une initiative de financement vert.
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Une grande aubaine pour ce pays de l’Afrique de l’Est où l’agriculture contribue à plus de 60% de l’emploi. Seulement, l’accès au financement dans ce secteur est restreint en raison, entre autres, d’un manque de garanties et d’antécédents de crédit ainsi que d’un accès limité aux marchés des capitaux.
Pire, «les changements climatiques ont des répercussions non seulement sur la production agricole, mais également sur la stabilité économique globale de l’agro-industrie», souligne la PDG de Bank of Kigali, Diane Karusisi, remarquant que «l’accès au financement est essentiel pour renforcer la résilience et assurer la pérennité des moyens de subsistance affectés par l’urgence climatique».
Par conséquent, c’est avec «une grande satisfaction que nous assistons à la venue d’autres partenariats pour le financement climatique, au-delà d’Ireme Invest. Tous ont eu pour objectif la concrétisation de notre ambitieux plan d’action pour le climat visant à réduire les émissions de carbone de 38 % d’ici 2030. Pour y parvenir, 11 milliards de dollars seront nécessaires, et nous encourageons tout le monde à participer à cette initiative. Bank of Kigali a ouvert la voie pour les banques commerciales au Rwanda en institutionnalisant le financement vert», a déclaré Teddy Mugabo, PDG de Rwanda Green Fund.
Le Rwanda a enregistré une hausse de température de 1,4°C depuis 1970, soit plus que la moyenne mondiale. La plupart des régions du pays devraient connaître une intensification des précipitations, provoquant des inondations et des glissements de terrain de plus grande ampleur et plus fréquents.
Prenant très au sérieux ces menaces, la BEI a assuré qu’au moins 30% du montant total mis à disposition sera destiné à des cheffes d’entreprise ou à des entreprises employant en majorité des femmes.