Après le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui a effectué plusieurs visites en Afrique, c’est au tour de Kamala Harris. Selon la Maison Blanche, la vice-présidente américaine va entamer son premier périple africain au Ghana du 26 au 29 mars, avant de se rendre en Tanzanie du 29 au 31 mars puis en Zambie du 31 mars au 1er avril.
Selon l’attachée de presse de Kamala Harris, Kirsten Allen, «le voyage renforcera les partenariats des Etats-Unis dans toute l’Afrique et fera progresser nos efforts communs en matière de sécurité et de prospérité économique». Quelques jours avant ce déplacement, Anthony Blinken reviendra, encore une fois, pour des visites en Ethiopie et au Niger, à partir du 15 mars courant.
Notons qu’avant l’annonce du déplacement de Harris, la Première dame américaine, Jill Biden, avait fait le déplacement en Namibie et au Kenya. De même, la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, s’était rendue aussi dans trois pays du continent (Sénégal, Zambie et Afrique du Sud), dans le sillage du périple du ministre des Affaires étrangère russe Sergueï Lavrov dans plusieurs pays du continent (Egypte, Angola, Afrique du Sud, Eswatini et Erythrée). Lors de son escale à Dakar, elle avait souligné que «les Etats-Unis sont à fond derrière l’Afrique et à fond avec l’Afrique», avant d’ajouter que «notre engagement n’est pas sujet à marchandage, il n’est pas de façade, et il n’est pas à court terme». Et de tacler la Russie en soulignant que la guerre menée par celle-ci en Ukraine «a poussé des millions d’Africains dans la pauvreté et la faim».
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Juste avant elle, Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies, a visité fin janvier dernier trois pays du continent: Ghana, Mozambique et Kenya. Avant tous ces responsables, Blinken s’était rendu dans plusieurs pays africains, dont l’Afrique du Sud, la République démocratique du Congo et le Rwanda. Et pour couronner le tout, le président américain Joe Biden a annoncé qu’il se rendrait avant fin 2023 en Afrique.
Si le renforcement des relations entre les Etats-Unis et l’Afrique est avancé pour justifier ces déplacements de dirigeants américains, force est de constater que ces périples interviennent dans un contexte géopolitique mondial marqué par ce qui ressemble à une nouvelle «guerre froide» opposant un bloc occidental mené par les Etats-Unis à la Chine et la Russie.
Ainsi, ces périples africains visent surtout à contrecarrer l’influence grandissante de la Pékin et de la Moscou en Afrique, un continent que les Etats-Unis avaient délaissé au cours de ces dernières années, notamment lors du règne de Donald Trump. La nature ayant horreur du vide, cela a facilité la consolidation de la présence de ces deux puissances, mais aussi d’autres pays émergents, comme la Turquie notamment. C’est dans ce cadre que s’est inscrit le sommet USA-Afrique, tenu du 13 au 15 décembre 2022 à Washington en présence de 49 dirigeants africains.
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Les Etats-Unis sont donc déterminés à revenir en Afrique. Et le facteur qui semble avoir alerté les Américains sur leur perte d’influence en Afrique a été le déclenchement de la guerre Russie-Ukraine, ainsi que le vote à l’ONU d’une résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, lequel a vu de nombreux pays du continent s’abstenir ou voter contre la Russie.
Des positions qui ont surpris les Occidentaux, particulièrement les Américains, qui ont depuis multiplié les déplacements pour tenter d’influer sur les pays du continent. Si les dernières résolutions onusiennes ont montré qu’un nombre grandissant de pays africains ont fait évoluer leurs positions, certains grands pays, parmi les plus visités lors de ces déplacements, comme l’Afrique du Sud, ont préféré rester «neutres». Il faut dire que certains pays africains ont des relations historiques avec la Russie, héritière des relations entre le continent et l’ex-URSS. Il s’agit particulièrement des pays de l’Afrique australe, derniers à se libérer des jougs coloniaux, et ceux qui ont adopté l’idéologie socialiste (Ethiopie, Algérie…).
Quant à la Chine, elle continue d’asseoir depuis deux décennies son influence en Afrique, via l’économie et sans pressions sur le respect des droits humains.
En tout cas, en dépit des pressions, les pays africains semblent désormais mettre l’accent sur la diversification de leurs partenaires plutôt que sur l’alignement derrière un bloc, quel que soit son poids.