Pour la cinquième année consécutive, internet est coupé à l'occasion du baccalauréat, faisant perdre des milliards de dinars à l'économie algérienne. Cependant, le régime semble s'accommoder de ce manque à gagner que tout dirigeant conscient des enjeux des nouvelles technologies jugerait inacceptable.
C'est dimanche 20 juin 2021 que les épreuves annuelles du bac ont démarré sur toute l'étendue du territoire algérien. Pour les usagers d'internet qu'ils soient particuliers ou professionnels, les épreuves de cet examen sont synonymes de calvaire.
"Cas unique au monde, l’Algérie se prive durant toute la journée d’internet pour organiser de simples épreuves d’un examen scolaire totalement ordinaire et qui ne présente aucun impact stratégique pour la sécurité nationale", regrette le site d'information Algérie Part.
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En vérité pour le régime algérien, internet est perçu comme "une menace contre la sécurité nationale ou la souveraineté nationale" par les gérontocrates algériens qui vivent encore à l'époque de la guerre froide où il fallait priver le peuple de l'information pour le mettre sous la botte des militaires.
Internet pourrait nuire à "la pérennité du pouvoir en place", puisqu'il "fournit des opportunités de liberté et des possibilités d’émancipation qui alimentent les craintes profondes chez les décideurs algériens", analyse le même média.
Non seulement le régime se complait dans son impuissance à relever le niveau des télécommunications dans le pays, mais en plus il impose des restrictions à tout-va à ses citoyens, sans parler de la répression qui s'abat sur ceux qui s'aventurent dans la critique.
Résultat: l'Algérie demeure, à ce jour, l'un des derniers pays du continent en matière de vitesse de connexion à l'internet filaire d'après Speed Test Global Index. Dans le dernier classement établi au mois de mai 2021, l'Algérie y occupe la 174e place mondiale sur 178 pays dans le monde, et devance seulement le Turkmenistan, le Yemen, la Guinée équatoriale et Cuba.
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Ce qu'il y a de frappant, c'est qu'à l'exception de la Guinée équatoriale, l'Algérie est derrière tous les pays du continent, notamment le Soudan, la RD Congo, la Guinée, le Burundi, la Gambie, etc.
Ainsi, l'Algérie accuse un profond retard, mais les entreprises et les ménages se seraient contentés de cette situation si encore le régime n'imposait pas aux opérateurs la coupure du réseau. Car, ces coupures d'internet coûtent excessivement cher à l'économie algérienne.
L'année dernière, à la même époque, un expert estimait que le régime algérien faisait perdre à l'activité économique jusqu'à 1,7 milliard d'euros en cinq jours de coupure. Et au-delà, cette situation qui fait de l'Algérie une zone noire en matière d'internet est à l'origine de conséquences fâcheuses dans bien des domaines. C'est le cas notamment du développement du commerce en ligne.
Même en 2020, année qui a vu cette activité exploser partout dans le monde, l'Algérie est restée à la traîne. Ainsi, en 2020, seules 728.000 transactions ont été réalisées via internet à travers toute l'Algérie, contre 13,8 millions au Maroc et 3 millions pour la Tunisie dont l'économie est 4 fois plus petite que celle de l'Algérie.