Les cours du pétrole se sont légèrement orientés à la hausse, après avoir connu une dégringolade, qui a vu le baril de Brent de la mer du Nord passer brièvement sous la barre des 60 dollars.
Et ce matin, le light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en juillet, s’est échangé à 51,81 dollars.
Quant au Brent, il s'est échangé à 60,77 dollars, après avoir brièvement passé sous la barre de 60 dollars mercredi dernier à Londres.
Les analystes estiment que cette reprise risque d’être de courte durée, et s’en expliquent par les tensions géopolitiques actuellement en cours au Moyen-Orient.
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En effet, depuis mai dernier, le cours du pétrole est engagé sur un trend baissier.
Durant le mois dernier, les cours du baril d’or noir ont enregistré leur première baisse mensuelle de l’année 2019, avec un recul de 11,4% pour le baril de Brent européen, et de 15,8% pour le light sweet crude (WTI).
Le WTI a perdu plus de 20% depuis son récent plus haut niveau en avril dernier, une situation qui déprime les producteurs de pétrole, lesquels commençaient pourtant à entrevoir une certaine embellie, avec la hausses de leurs recettes d’exportations.
Ces baisses s’expliquent par plusieurs facteurs. En premier lieu, le marché risque de se déprimer davantage à cause des importantes réserves de pétrole américain, qui ont bondi de 6,8 millions de barils la semaine dernière, pour atteindre 483,26 millions de barils, alors que les économistes anticipaient une baisse de 850.000 barils, atteignant ainsi leur plus haut niveau depuis près de deux ans.
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Ensuite, la guerre commerciale sino-américaine, et la menace du président américain d’un renchérissement des taxes douanières visant la Chine, immédiatement suivie d’une réplique de Pékin, annonçant la possible baisse des exportations de terres rares, indispensables à la production des équipements de haute technologie, risquent d’accentuer la baisse du cours de l’or noir.
Cette situation fait peser des craintes sur la demande mondiale de pétrole et détourne, en conséquence, les investisseurs des valeurs dépendantes de cette croissance mondiale, ce qui accentue davantage le trend baissier du cours du baril.
A cette situation morose, vient en outre s’ajouter un contexte général déjà anxiogène.
La Banque mondiale a, par exemple, nettement abaissé ses prévisions de croissance mondiale pour cette année, à 2,6% contre 2,9% estimé en janvier.
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Enfin, la production de brut américain, qui a atteint un niveau record la semaine écoulée en s’établissant à 12,4 millions de barils par jour (mbj), contribue à la surproduction et milite pour un maintient du cours du baril à un niveau plus bas.
Cette situation risque de fragiliser de nombreux pays producteurs de pétrole, tout particulièrement les plus fragiles. C'est le cas de nombreux pays africains qui sont fortement dépendants de la rente pétrolière, de par leurs exportations et leurs recettes fiscales, comme l'Algérie, l'Angola, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la Libye, ou encore le Tchad, etc.
Face à cette situation, selon de nombreux analystes du marché pétrolier, si le marché continue d’évoluer autour des niveaux actuels, le cartel des producteurs devrait encore abaisser sa production pour éviter des prix trop bas.
Toutefois, les Russes, qui ont conclu en 2016 un accord de limitation de la production avec les pays de l’OPEP, risquent de ne pas soutenir le cartel dans sa démarche. Le patron du géant russe du pétrole Rosnetf a ainsi expliqué ses craintes de perte de parts de marché face aux producteurs américains, lesquels ne limitent pas leur production.
Et pour couronner le tout, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient pourraient, à tout moment, faire flancher les cours. En résumé, l’incertitude prédomine quant à l’évolution des cours du baril dans les jours et les semaines à venir.