Algérie-Tunisie: voici pourquoi les Algériens ont bloqué le poste frontalier d'Oum Teboul

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Le 06/01/2020 à 11h32, mis à jour le 06/01/2020 à 16h58

Des voyageurs algériens ont bloqué hier, dimanche 5 janvier 2020, le poste frontalier d’Oum Teboul. Ils protestaient contre une nouvelle mesure de la loi de finances 2020, qui vient d’entrer en vigueur, et qui cible notamment les voyageurs qui se dirigent vers les pays maghrébins. Explications.

Des Algériens ont bloqué durant la journée d'hier, dimanche 5 janvier, la route nationale proche du poste frontalier d’Oum Teboul, dans la wilaya d'El Tarf. A travers cet acte, les manifestants entendaient protester contre une nouvelle mesure de la loi de finances entrée en vigueur depuis le 1er janvier courant.

En effet, l’article 34 de la loi de finances 2020 dispose qu’une «taxe forfaitaire sera appliquée pour chaque voyageur muni d’uns passeport et se rendant à l’étranger par la voie routière ou ferroviaire». Cette taxe passe ainsi de 500 à 1.000 dinars algériens.

Ce blocus a paralysé le trafic routier sur cet axe, sachant que le poste frontalier d’Oum Teboul est l’un des postes les plus importants entre les deux pays avec près de 500.000 passagers par an. Et ce sont les Algériens qui traversent fréquemment la frontière entre les deux pays qui ont dénoncé avec vigueur cette mesure.

Une situation qui a eu un effet négatif sur les Algériens qui se rendent en Tunisie pour des soins. Ceux-ci n’ont pas manqué d’exprimer leur mécontentement en soulignant qu’avec ces mesures, le gouvernement, au lieu de récupérer l’argent dilapidé par les oligarques, préfère saigner à blanc les citoyens.

Même si cette taxe n’est pas appliquée aux Algériens «titulaires de la carte de passage frontalier», il n’en demeure pas moins qu’elle touche un grand nombre d’Algériens qui traversent la frontière terrestre pour se rendre essentiellement en Tunisie sachant que la frontière terrestre avec le Maroc est fermée depuis longtemps.

Ainsi, au titre de 2019, ce ne sont pas moins de 3 millions d’Algériens qui sont partis en Tunisie, représentant presque le tiers des arrivées de touristes de ce pays.

Au-delà, on voit bien que cette mesure vise essentiellement les voisins directs maghrébins de l’Algérie: la Tunisie, le Maroc et la Libye. Manquant d’infrastructures touristiques et de loisirs, les Algériens sortent massivement de leur pays pour se rendre dans les pays voisins par la voie terrestre. Ce qui ne semble pas faire plaisir aux dirigeants algériens qui y voient certainement des sorties de devises au profit des pays voisins.

Ainsi, plusieurs observateurs voient dans la volonté de l’Algérie de maintenir fermée la frontière terrestre avec le Maroc un moyen d’empêcher que les touristes algériens se rendent massivement au Maroc, comme s’était le cas avant la fermeture de la frontière entre les deux pays.

Une situation qui constitue une aubaine actuellement pour la Tunisie au moment où le chaos s’est installé en Libye, pays qui n’a guère été touristique.

C’est ainsi que durant les 10 derniers jours de l’année dernière, ce sont plus de 200.000 Algériens qui sont partis passer leurs vacances de fin d’année en Tunisie. Et ils sont plus de 3 millions d’Algériens à avoir visité la Tunisie en 2019.

Bref, en ciblant uniquement les voyageurs se rendant à l’étranger par la voie routière ou ferroviaire, c'est la Tunisie qui est visée. Les autorités algériennes souhaitent ainsi freiner le flux touristique vers ce pays.

Par Karim Zeidane
Le 06/01/2020 à 11h32, mis à jour le 06/01/2020 à 16h58