Voilà une information qui va faire l'effet d'une bombe. Les PDG des grands groupes algériens tombent comme des mouches. Après Mohamed Abou Bouderbala d'Air Algérie, limogé le mois dernier à cause des piètres performances de la compagnie, c'est au tour de Amine Mazouzi, PDG de la Sonatrach, d'être remercié, selon la presse algérienne. Il est remplacé par le PDG de Brown & Root Condor (BRC) Abdelmoumen Ould Kaddour, filiale algéro-américaine de la Sonatrach.
La raison essentielle de ce limogeage réside dans les mauvaises performances de la Sonatrach, qui est l'unique véritable pilier de l'économie algérienne. En effet, elle réalise 93% à 97% des exportations du pays. Par exemple, en 2016, sur les 28,88 milliards d'exportations, 27,1 ont été facturés par la Sonatrach et ses filiales, soit 93,83% du total. «La Sonatrach est le groupement pétrolier algérien chargé de la production, du transport, de la transformation et de la commercialisation des hydrocarbures. Elle a été classée 1ere société en Afrique et 12e plus grand groupe pétrolier au monde par le Petroleum Intelligence Weekly", peut-on lire sur sa page Wikipedia. A elle seule, la Sonatrach représente plus de 60% des recettes budgétaires algériennes.
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C'est dire que quand la Sonatrach s'enrhume, ce sont tous les Algériens qui éternuent. Or au vu des chiffres, le groupe est visiblement atteint d'une grosse grippe. Rien qu'au cours des deux premiers mois de 2017, "la production des complexes GNL a été de 4,3 millions de m3 GNL, soit un taux de réalisation de 83% de l’objectif budgétaire sur la période, en baisse de 12% par rapport à fin février 2016", d'après un communiqué diffusé hier par la Sonatrach dans lequel elle vante paradoxalement l'excellence des réalisations.
En fait, il faut considérer le bilan des trois dernières années pour réellement comprendre la débandade dans laquelle se trouve la société. En effet, les recettes pétrolières se sont repliées de manière inquiétante. Les exportations, essentiellement portées par Sonatrach, se sont établies à quelque 28,88 milliards de dollars en 2016, contre 34,66 milliards en 2015, soit un repli de 16%. En ce qui concerne les exportations des hydrocarbures, elles se sont réduites en passant à 27,1 mds USD en 2016 contre 32,69 mds USD en 2015, en recul 17,12%.
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Or, l'Algérie ne peut pas compresser suffisamment ses importations qui se sont établies à 46,72 milliards de dollars en 2016. Par conséquent, le pays affiche un déficit commercial de 17,84 milliards de dollars en aggravation. Le déficit 2015 était de 13,71 milliards de dollars.
Et tout ceci, c'est en grande partie la faute de la Sonatrach, pense l'Exécutif algérien. Evidemment, la société subit un coup de massue du fait de la forte baisse des cours du pétrole. Mais beaucoup pensent que les autorités algériennes cherchent avant tout un bouc émissaire. Puisqu'en réalité, la cause de la mauvaise santé de l'économie algérienne et du budget en particulier, doit être cherchée dans l'absence de diversification des secteurs productifs. Tout repose sur le pétrole, lequel n'est porté que par le bon vouloir des marchés mondiaux, l'humeur des Saoudiens et l'envie des Américains de doper leur production de gaz de schiste.