Algérie: échec des différents gouvernements à réduire la facture des importations

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Le 23/01/2018 à 12h58, mis à jour le 23/01/2018 à 13h00

La politique de réduction de la facture des importations a une fois de plus échoué en 2017. L’objectif fixé est loin d’être atteint malgré les quotas et les restrictions. Le déficit de la balance des paiements reste élevé et réduit les réserves de change du pays.

Les politiques de réduction de la facture des importations menées par les gouvernements algériens ont toutes échoué durant l’année écoulée. Le montant de la facture s’est établie à environ 46 milliards de dollars alors que l’objectif des gouvernements était de le réduire à hauteur de 40 milliards de dollars. En clair, comparée à la facture de l’exercice 2016, qui s’était établie à 47 milliards de dollars, la baisse n’a été que d'1 milliard de dollars.

Pourtant, pour y arriver, les trois gouvernements ont mis le paquet en instaurant des quotas d’importation sur de nombreux produits avant d’en interdire tout simplement certains autres.

Par ailleurs, la structure des importations montre quelques inquiétudes. En effet, l’Algérie, malgré ses importantes ressources en hydrocarbures, a importé environ 2 milliards de dollars de carburants, un montant en hausse de 23,5% par rapport à 2016. Une aberration qui risque de se poursuivre du fait de l’absence d’investissement dans le raffinage de produits pétroliers.

Autre inquiétude, les baisses enregistrées au niveau des importations ont surtout touché les biens d’équipement, dont la facture s’est contractée de 9,4% à 14 milliards de dollars et les demi-produits en recul de 4% à 11 milliards de dollars. Des baisses qui se justifient par la politique d’interdiction des importations d’un certains nombre de produits et les effets de la crise économique, entraînant le gel de certains projets d’investissement. Ces baisses risquent d’impacter négativement la croissance économique du pays.

Pour le reste des importations, constituées essentiellement de produits de consommation, donc difficilement compressibles, les politiques sont globalement inefficaces.

Face à cet échec, le gouvernement d’Ouyahia a décidé d'interdire l'importation de 900 produits. Mais cette mesure risque surtout d’accroître la contrebande et de provoquer la hausse des prix d’un certain nombre de produits fabriqués hors de l'Algérie ou insuffisamment en Algérie.

Parallèlement, les exportations algériennes ont augmenté de 16,5% pour atteindre 32,8 milliards de dollars. Toutefois, les hydrocarbures représentent presque 95% de la valeur de ces exportations. Les exportations hors-hydrocarbures s’établissent à seulement 1,90 milliard de dollars. Ce qui prouve les difficultés du gouvernement à impulser une diversification de l’économie algérienne. La hausse des exportations s’explique essentiellement par l’amélioration des cours du baril du pétrole, qui a augmenté de 28,6%, passant de 42 à 54 dollars entre 2016 et 2017.

Reste qu’au-delà du déficit commercial qui a baissé de 34% à 11 milliards de dollars, grâce à l’amélioration du cours du baril de pétrole, le déficit de la balance des paiements tourne autour de 20 milliards de dollars au titre de 2017. Une situation qui se traduit par une poursuite de la baisse des réserves de change qui tombe désormais sous la barre des 100 milliards de dollars.

Par Karim Zeidane
Le 23/01/2018 à 12h58, mis à jour le 23/01/2018 à 13h00