Algérie: importations, les mesures restrictives montrent leurs limites

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Le 23/07/2018 à 13h33, mis à jour le 24/07/2018 à 12h56

La facture des importations algériennes n’a baissé que de 2,1% à 22,8 milliards de dollars, malgré les politiques restrictives et les interdictions d’importations. Cet échec qui s’explique par un certain nombre de facteurs affecte un peu plus chaque jour le consommateur.

Malgré un échec patent, le gouvernement algérien persiste et signe en maintenant sa politique de restriction des importations, faisant croire que celle-ci est derrière la nette réduction du déficit commercial.

Pourtant, les données sont claires et montrent que la réduction du déficit est conjoncturelle et s’explique essentiellement par la hausse du cours du baril de pétrole durant le premier semestre 2018, comparativement à la même période de l’année dernière, et qui a impacté positivement les exportations. Celles-ci ont progressé de 12,56% à 19,83 milliards de dollars, alors que les importations ont reculé de -2,1% (489 millions de dollars), selon les données de la Douane.

Ces éléments montrent clairement que la politique de restriction des importations, se traduisant par des interdictions d’entrée d’un millier de produits, des quotas, des licences et des hausses de taxes, est globalement un échec sachant que l’objectif fondamental était de réduire fortement la facture des importations. Plus récemment encore, le gouvernement a décidé d’agir sur les droits d’importation en mettant en place le Droit additionnel de provisoire de sauvegarde (DAPS) avec des taux allant de 30 à 200% pour décourager les importations.

A ce titre, pour toute l’année 2017, selon les données de la Douane, malgré les mesures prises, la facture des importations algériennes n’a baissé que de 1 milliard de dollars pour s’établir à 46 milliards de dollars, alors que les autorités s’étaient engagées à réduire celle-ci de 15 milliards de dollars.

Et pour les 6 premiers mois de l’année en cours, la baisse de la facture a été négligeable puisqu'elle représente 2,1%, avec 489 millions de dollars, pour s’établir à 22,8 milliards de dollars. Bref, on est sur la même tendance que l’année dernière.

Pourquoi malgré les mesures prises, la facture des importations ne baisse-t-elle pas? Cela s'explique par la poursuite de la hausse de la facture des importations des biens qui sont globalement incompressibles faute de produits de substitution. C’est le cas des produits alimentaires dont la facture ne cesse de croître.

Rien qu’au titre des 6 premiers mois de l’année, la facture alimentaire a augmenté de 9,52% pour atteindre 4,6 milliards de dollars, sous l’effet des importations de céréales. La facture des biens de consommation non alimentaires a aussi fortement progressé sous l’effet combiné des importations de médicaments (+30%) et des importations de pièces CKD –Complete knock down- par l’industrie automobile qui ont explosé à plus de 70%. Ces fortes importations de kits automobiles à assembler attestent à elles seules l’échec de la politique du secteur automobile où l’intégration est plus que négligeable et où les importations de kits remplacent les importations de véhicules, mais sans aucune valeur ajoutée au plan local.

Par contre, les importations des biens d’équipement qui illustrent la dynamique des investissements d’un pays sont en net recul d’environ 15% à 7,37 milliards de dollars. Un fait inquiétant et qui s’explique par le gel de certains projets d’investissement et par le manque de visibilité des opérateurs économiques qui réduisent leurs investissements.

Outre le faible impact des politiques restrictives sur la facture des importations, celles-ci ont contribué à la hausse des prix des produits importés et donc à l’inflation qui ne cesse d’amenuiser le pouvoir d‘achat des citoyens algériens. En outre, cette politique tend à faire hausser le prix de certaines matières premières importées ce qui grève la compétitivité de certains pans du secteur industriel algérien.

Par Karim Zeidane
Le 23/07/2018 à 13h33, mis à jour le 24/07/2018 à 12h56