Algérie: tous les voyants sont au rouge, selon la Banque mondiale

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Le 04/10/2018 à 17h42, mis à jour le 05/10/2018 à 16h26

La Banque mondiale prévoit une croissance anémique en Algérie, de 2018 à 2020. Une situation qui se traduira par une hausse du chômage et une augmentation significative de la pauvreté. Cette situation atteste de l'échec des politiques mises en place par le gouvernement algérien.

La reprise de la croissance ne sera pas au rendez-vous en Algérie, prédit la Banque Mondiale dans son dernier rapport sur les perspectives de croissance, malgré les dépenses publiques initiées par le gouvernement algérien et financées par le biais du recours à la planche à billets.

Ainsi, dans son rapport, la Banque Mondiale estime que la croissance de l’économie algérienne devrait s’établir à hauteur de 2,5%. Il s’agit d’une forte révision à la baisse des prévisions de croissance, sachant qu’en avril dernier, l’institution prévoyait une évolution du PIB de l’ordre de 3,5%. Cette prévision contredit fortement celle du gouvernement algérien, qui table sur une évolution du PIB de l’ordre de 4% en 2018.

Pire, pour les deux prochaines années, la Banque Mondiale prévoit des ralentissements de la croissance à 2,3% en 2019 et à 1,8% en 2020.

Ces prévisions à la baisse de la croissance de l’économie algérienne montrent une fois encore l’inefficacité des politiques publiques de relance initiées par le gouvernement algérien pour sortir de la crise. Ces politiques, basées sur des dépenses publiques mal pensées, n'ont pas eu d'effet sur la croissance, encore moins sur la création d'emplois et la lutte contre la pauvreté. 

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Conséquence: cette croissance molle devrait avoir des répercussions négatives sur le marché de emploi. Selon la Banque Mondiale, le taux de croissance moyen de 2%, jusqu’à la fin de la décennie, est trop faible pour créer suffisamment d'emplois. Le ombre de chômeurs devrait donc croitre d’ici 2020. Le taux de chômage est ainsi passé de 10,5% en 2016 à 11,7% en 2017 et devrait franchir la barre des 12% à la fin de l'année 2018.

Une véritable bombe à retardement, au moment où les autorités algériennes n’ont plus les moyens d'acheter la paix sociale du fait de la baisse drastique des réserves de change et de l’épuisement du fonds des réserves du pays. La situation est déjà explosive dans certaines régions où le niveau du chômage est extrêmement élevé. Les manifestations de chômeurs sont d'ailleurs chroniques dans certaines localités comme la wilaya de Béjaïa.

La pauvreté gagne du terrain en Algérie et l’institution estime que «10% de la population pourrait retomber dans la pauvreté» d’ici à la fin de la décennie en cours.

Ces prévisions montrent une fois de plus l’importance du fait le gouvernement algérien entreprenne des réformes structurelles à même de contribuer à la diversification de l’économie du pays, qui ne repose quasiment que sur les hydrocarbures. Or, concernant ceux-ci, la hausse du cours du baril de pétrole ne profite pas pleinement à l’Algérie à cause de la reconduction du système des quotas dans le cadre de l’accord de l’OPEP. C’est dire que la situation sociale risque d’être mouvementée, surtout que les élections présidentielles se pointent à l’horizon... 

Par Karim Zeidane
Le 04/10/2018 à 17h42, mis à jour le 05/10/2018 à 16h26