Le géant français faisait pourtant les yeux doux à l’Algérie. Confortée par la flambée du cours du baril de pétrole, l’Algérie avait affiché son ambition de développer plusieurs projets de lignes de tramway dans presque toutes les grandes villes du pays.
Une ambition qui a poussé le géant français Alstom à investir dans une unité de montage de rames en Algérie, en partenariat avec la SNTF –la Société nationale du transport ferroviaire. Mais la crise est entre-temps passée par là.
Conséquence, révèle Maghreb Confidentiel, «Cital, la joint-venture entre le français Alstom et la SNTF (Société nationale du transport ferroviaire), peine à remplir son carnet de commandes».
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Il faut dire que la crise financière aiguë qui touche l’Algérie depuis 2014, dans la lignée de la chute des cours du baril de pétrole, réduisant les réserves en devises du pays et ses capacités de financement de grands projets, a poussé le gouvernement algérien à geler, dans le cadre de la loi de finance 2017, plusieurs projets d’infrastructures, dont de nombreux projets de nouvelles lignes de tramway, afin d’orienter les devises du pays vers des projets jugés prioritaires.
A titre d’illustration, la loi de finances avait réduit les investissements publics de 12 milliards de dollars, comparativement au volume de 2016.
Parmi les projets gelés, figurent notamment ceux des tramways. Ainsi, sur 18 projets annoncés dans le cadre du programme 2015-2019, pas moins de 12 ont été gelés et seulement 6 (dont 2 extensions) ont été maintenus, dont celui la ligne de tramway de Mostaganem qui accuse encore des retards.
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En conséquence, l'usine d’Annaba, inaugurée en 2015 pour fournir des rames Citadis aux nombreux projets de lignes de tramway nationales, stocke actuellement des rames prévues pour Mostaganem. Et le projet accuse des retards. Quant à ceux de Batna, Annaba, Béjaïa et Tlemcen, où d'autres lignes de tramway étaient prévues, ils ont été gelés sine die et ne semblent pas près d’être relancés, explique la lettre d'informations Maghreb Confidentiel.
A ce titre, il faut rappeler qu’alors que les populations de Batna, à l’est du pays, réclamaient leur ligne de tramway, promise depuis des années dans le cadre d’un vaste programme infrastructurel, l’ancien Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal avait soutenu, lors d’une visite dans cette ville, que «le tramway n’est qu’un objet décoratif». Une façon pour le moins bizarre de justifier le gel de ce projet.
Face à cette situation, les deux partenaires ont pensé transformer la chaîne d’assemblage des rames de tramway en rames de trains régionaux Regiolis. Seulement, cette alternative, évoquée depuis 2 ans, «semble de plus en plus illusoire» du fait que le projet n’est pas avalisé par le Conseil national de l’investissement (CNI). Et pour cause, même pour cette transformation, les commandes risquent de ne pas être au rendez-vous.
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L’usine tourne, de fait, an ralenti depuis deux ans. Selon les projections, son chiffre d’affaires devrait chuter de 80% en 2018, comparativement à 2016, année durant laquelle celui-ci avait atteint 150 millions de dollars. Et le volume d’affaires généré par cet unité industrielle n’est plus porté que par son activité de maintenance.
Une chose est sûre, la filiale d’Alstom ne peut plus compter que sur une hypothétique nouvelle flambée des cours du baril de pétrole pour espérer une reprise de l’activité de sa filiale. Mais les perspectives de réalisation d'un tel scénario sont bien faibles.
Selon plusieurs experts, un départ d'Alstom d'Algérie n’est pas à écarter.