Algérie: la dette colossale des entreprises publiques empêche Ouyahia de dormir

Ahmed Ouyahia, Premier ministre d'Algérie.. DR

Le 18/01/2019 à 09h38, mis à jour le 18/01/2019 à 09h41

Estimée à près de 7,4 milliards de dollars, la dette des entreprises publiques pourrait mener l'Algérie vers la faillite, surtout si les cours du pétrole ne se relèvent pas de façon durable, au-delà de 100 dollars. Scénario quasi-impossible, source d'insomnies pour le Premier ministre. Explications.

Si l'Etat algérien n'est pas (encore) sur le point de déclarer faillite (grâce en soit rendue, à ce propos au recours massif à la planche à billets), les entreprises publiques ne parviennent plus, elles, à sortir la tête de l'eau.

Leur dette atteint en effet un niveau record, à tel point que le Conseil des participations de l'Etat (CPE) a émis une note d'alerte à la mi-décembre, c'est, en tout cas, ce que révèle la presse algérienne. 

Le CPE s'inquiète de la "situation préoccupante" de l'endettement des entreprises publiques algériennes. Sans s'attarder sur des chiffres pourtant alarmants, l'instance enjoint vivement à des "mesures d’urgence et un suivi permanent des départements ministériels de supervision concernés”, unique issue possible, faute de quoi les participations de l'Etat pourraient être entraînées dans une spirale infernale menant vers une faillite certaine. 

Le CPE invite ainsi les différents ministères, dont dépendent ces entreprises, à demeurer vigilants et à "faire de la gestion de l’endettement des EPE [Entreprises et Participations de l'Etat, Ndlr] une priorité absolue". 

Ce n'est pas la première fois que la question de la dette est soulevée, de façon pressante, par les autorités algériennes. Cette dette pourrait en effet déstabiliser toute l'économie algérienne, à cause du risque système qui lui est associé.

En effet, la faillite d'une entreprises d'importance vitale comme la Sonatrach entraînerait systématiquement celle de plusieurs banques, mais aussi de plusieurs entreprises non financières, notamment des fournisseurs de premiers ou de second rang. 

En septembre 2018, voici quatre mois, le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia évaluait à 1000 milliards de dinars, soit 7,4 milliards de dollars, la dette des entreprises publiques.

La chute des cours du pétrole, survenue durant l'automne n'a fait qu'empirer la situation.

Depuis quelques temps, l'Etat algérien s'évertue à rembourser, en bons du trésor public les dettes contractées sous différentes formes auprès des banques et des entreprises non financières. Une partie du recours à la planche à billets à également servi à éponger des volumes importants d'engagements. 

En réalité, toutes ces mesures ne font que déplacer le problème de la rentabilité des entreprises publiques, laquelle est mise à mal à la fois par la baisse vertigineuse des cours du pétrole, mais aussi par un système de subventions universelles, qu'elles sont obligées de supporter au nom de la mise en place, lors des années fastes, d'un Etat-providence.

Selon plusieurs experts, il faudrait que les cours du pétrole remontent au-delà de 100 dollars, contre 60 dollars actuellement, pour que la situation se redresse... 

Un scénario aujourd'hui peu réaliste, puisque les prévisions les plus optimistes parlent d'un baril autour de 70 dollars à moyen et long terme, à cause de la conjonction de plusieurs facteurs, dont la montée en puissance des Etats-Unis, désormais devenus premiers producteurs mondiaux, mais aussi le ralentissement de l'économie mondiale, qui limite, de fait, la consommation d'hydrocarbures, principale ressource de l'Algérie. 

Ahmed Ouyahia, le Premier ministre, sait bien que ce problème de l'endettement des entreprises publiques est un énorme caillou dans la chaussure de l'économie algérienne. Il en est d'ailleurs si préoccupé qu'il en a complètement perdu le sommeil. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 18/01/2019 à 09h38, mis à jour le 18/01/2019 à 09h41