Pourquoi l'Algérie a-t-elle échoué à mettre en place une industrie automobile prospère? Près d'une année après la chute du régime d'Abdelaziz Bouteflika, les autorités tentent encore de répondre à cette question, pourtant basique. Et, à chaque fois, le nom du Maroc n'est jamais loin, non pas pour donner le Royaume en exemple, mais pour le tenir pratiquement pour responsable.
Ainsi, accordant une interview à la chaîne de radio nationale, Ferhat Aït Ali Braham, ministre algérien de l'Industrie, n'a pas pu s'empêcher de tomber dans ce piège.
Répondant à la question de savoir pourquoi les précédents dirigeants avaient choisi le constructeur français Renault comme premier partenaire, il est allé droit dans le mur en posant à son tour une autre question.
"Est-il logique de choisir un partenaire qui a le même investissement à 300 km des frontières ouest du pays?", s'est-il demandé, faisant clairement allusion au succès de Renault à Tanger. Sachant la réponse quasi évidente, il a poursuivi avec une autre question, citant cette fois nommément le Royaume: "Pensez-vous que ce partenaire qui produit chez nos voisins marocains, investissant presque dans les mêmes modèles, va consentir le même investissement à 300 km avec le même volume? Cela défie toute logique."
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La réussite marocaine dans le domaine de l'automobile commence à virer à l'obsession chez les Algériens. En effet, il y a quelques semaines, c'est Abdelmadjid Tebboune, le président algérien himself, qui osait la même comparaison. Il pointait alors du doigt Renault pour n'avoir pas fourni le même effort en Algérie qu'au Maroc pour ériger une vraie industrie.
Certes, Ferhat Aït Ali Braham est beaucoup plus diplomatique que son chef de l'Etat, en allant uniquement sur le terrain de la rentabilité de l'investissement, mais il aurait dû pousser son raisonnement un peu plus loin en allant vers les vraies raisons qui font qu'ici le succès était garanti dès le début et que là, l'échec l'était tout aussi.
En effet, le Maroc a misé sur un écosystème autour du désormais plus grand port de transbordement de la Méditerranée. Il a non seulement pensé aux incitations fiscales, au financement mais aussi à la formation d'un personnel qualifié, tout en attirant l'ensemble des fournisseurs de Renault. C'est ce qui a fait que la mayonnaise a pris. Alors qu'en Algérie, tout était avant tout question d'enrichissement d'une bande de copains et de coquins qui aujourd'hui jouent à l'auto-tamponneuse à la prison d'El Harrach à Alger.