Algérie: le groupe néerlandais de télécoms, Veon, se désengage du pays

Djezzy, l'opérateur télécoms perd un million de clients en 9 mois. Sa rentabilité s'effondre. . DR

Le 02/07/2021 à 12h03, mis à jour le 02/07/2021 à 12h06

Veon, la multinationale néerlandaise de télécommunications, vient de jeter l'éponge et annonce quitter définitivement l'Algérie. Elle va vendre la totalité de ses actions à l'Etat algérien, pourvu que ce dernier ait les moyens de débourser plus 2 milliards de dollars.

Alors que l'Algérie fait face à un grave déficit en matière de télécommunications, le seul grand groupe international sur lequel le pays pouvait compter pour remonter la pente vient de jeter l'éponge. En effet, Veon a annoncé sa décision de quitter le pays d'Afrique du Nord pour officiellement se concentrer sur des marchés prioritaires.

Il s'agirait d'une «rationalisation» de ses activités afin de «permettre une meilleure concentration sur (ses) principaux marchés». Une déclaration qui laisse clairement entendre que l'Algérie ne fait plus partie des priorités du groupe qui est présent en Russie, pays d'origine de VimpelCom, qui deviendra Veon, mais aussi au Pakistan ou encore au Bangladesh.

C'est hier jeudi 1er juillet que le géant hollandais a diffusé un communiqué pour annoncer la cession de la totalité des actions qu'il détient dans l'opérateur Djezzy. En vertu du droit de préemption de l'Etat algérien sur ces titres, c'est le trésor public qui devrait en être l'acquéreur au terme d'un processus d'évaluation mené par un cabinet indépendant.

Car, «l’exercice de l’option (le droit de préemption de l'Etat algérien, Ndlr) déclenche un processus en vertu duquel une évaluation par un tiers est effectuée pour déterminer la juste valeur marchande à laquelle le transfert doit avoir lieu», a rappelé la multinationale hollandaise.

La cession devrait donc porter sur les 45,57% du capital d'Omnium Telecom, actuellement entre les mains de Veon, Omnium étant elle-même la maison mère de Djezzy.

Il faut dire que Djezzy et l'Algérie n'étaient plus une priorité pour Veon depuis longtemps. Car, faut-il le rappeler, c'est par le plus grand des hasards que Djezzy s'est retrouvé dans le portefeuille de la société russe VimpelCom. En effet, c'est en achetant la société Orascom de l'égyptien Naguib Sawiris que VimpelCom deviendra actionnaire de référence d'Omnium Telecom, maison-mère de Djezzy.

Sauf que la mayonnaise n'a vraiment pas pris, puisque très tôt un bras de fer juridique est engagé avec l'Etat algérien qui exercera ses droits de préemption sur Djezzy pour la première fois. En 2014, Alger arrache 51% de la société à VimpelCom en contrepartie de 2,643 milliards de dollars décaissés via le Fonds national d'investissement. C'était durant les années fastes, où l'Algérie profitait encore d'une importante manne financière du fait des cours du pétrole qui atteignaient la barre des 100 dollars.

Sauf que, depuis, même si VimpelCom, puis Veon, conserve le management de Djezzy, dans les faits, les décisions stratégiques, comme les gros investissements pour améliorer le réseau, ne peuvent être prises sans que l'Etat algérien ne donne son aval. Du coup, tout est bloqué.

Une question demeure, c'est celle de savoir si l'Etat algérien qui s'est appauvri entre temps, a les moyens de payer au moins 2,36 milliards de dollars pour racheter les 45,57% du capital d'Omnium Telecom. Car si l'on se réfère à la dernière transaction, c'est bien la somme à débourser pour mettre fin à la relation avec Veon.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 02/07/2021 à 12h03, mis à jour le 02/07/2021 à 12h06