Le cours du baril de pétrole a connu une forte hausse au cours de ces dernières semaines. Et le trend haussier pourrait se poursuivre si les pays de l’OPEP+ décident, lors de leur réunion prévue ce jeudi 4 novembre, de ne pas augmenter leur production au-delà des 400.000 barils prévus.
En attendant, les cours des barils de pétrole de Brent et de WTI poursuivent leurs replis en s’établissant à respectivement 82,2 et 81,1 dollars.
Il est vrai que le cours actuel est largement au-dessus de celui de 40 dollars qui avait servi d’hypothèse aux autorités algériennes lors de la confection du budget de l’année 2021.
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Toutefois, le déficit budgétaire sera abyssal. En effet, alors que les recettes devraient s’établir autour de 5.858 milliards de dinars, en hausse de 14,5%, grâce notamment à l’embellie pétrolière, dont les impôts et taxes représentent plus de 50% des recettes du budget de l’Etat.
Parallèlement, les dépenses devraient fortement augmenter pour atteindre 8.642 milliards de dinars, en hausse de 25% par rapport à leur niveau de l’année dernière, tirées particulièrement par les dépenses d’équipement qui devraient croître fortement après des années de gel de nombreux projets qui ont porté préjudice au pays.
Conséquence, selon les projections de l’argentier du pays, le déficit budgétaire devrait atteindre 3.614 milliards de dinars, soit environ 27 milliards de dollars. Contre 20 milliards de dollars en 2020. En conséquence, ce déficit devrait représenter 17,6% du PIB du pays.
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Et selon le Fonds monétaire international (FMI), l’Algérie aurait besoin d’un cours moyen du baril du Brent à 141,6 dollars pour rééquilibrer son budget de 2021. Or, d’après le Premier ministre et argentier du pays, si le cours du baril se situe actuellement au-dessus des 80 dollars, en moyenne annuelle, il devrait se situer autour des 65 dollars au titre de l’exercice 2021, contre 41,8 dollars en 2020.
Si le déficit budgétaire est si élevé, c’est surtout à cause de la forte hausse des dépenses budgétaires. Une progression estimée à 25% et qui est financée par le Trésor et le différentiel entre le cours réel du baril et celui retenu comme hypothèse de base lors de la confection du budget 2021 (40 dollars) logé dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) réanimé avec la flambée des cours de l’or noir.
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Seulement, le FRR, qui était épuisée il y a plus de 3 ans, ne renferme pas grand-chose. Ainsi, le problème de financement du déficit se pose avec acuité. C’est le Trésor, la Banque d’Algérie et les tirages sur les comptes des entités publiques qui assurent le financement du déficit budgétaire avec une prédominance des appuis de la Banque centrale depuis mi-2017. Le Trésor recourt à l’endettement intérieur qui ne cesse de croître et qui avait franchi la barre des 9.000 milliards de dinars à fin 2020, soit 66 milliards de dollars, représentant 53% du PIB du pays en 2020, contre 24,1% en 2017.
Reste que le retour à l’équilibre budgétaire ou à sa réduction à un niveau rapporté au PIB acceptable est nécessaire pour assurer les conditions d’une reprise durable de la croissance économique.