Les autorités algériennes poursuivent la politique de dépréciation continue du dinar vis-à-vis des grandes devises (dollar, euro…), entamée ces dernières années dans le sillage de la chute des réserves en devises du pays et du creusement du déficit budgétaire.
Ainsi, si pour cette année, la loi de finances 2022 (LPF) prévoit que le dinar termine l’année avec un taux de change de 135 dinars pour 1 dollar, sachant qu’au niveau des transactions officielles des banques, le taux se situe actuellement à 138 dinars pour 1 dollar, les projections pour les années 2022 et 2023 prévoient la poursuite de la politique de «dévaluation déguisée» du dinar. Selon les objectifs fixés, le dollar devrait continuer à s’apprécier pour s’échanger contre 149,31 dinars à fin 2022. Et pour 2023 et 2024, selon ces projections, il faudrait 156,78 dinars pour 1 dollar en 2023 et 164,6 en 2024.
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Ainsi, pour la période 2021-2024, le taux de change devrait passer de 135 dinars pour 1 dollar à 164,6 dinars, soit une dépréciation programmée de 22%. Et sur la base de ces projections, entre 2015, début de la crise financière liée à la chute des cours du baril de pétrole, et 2024, le dinar algérien devrait perdre 105,75% de sa valeur passant de 80 dinars pour 1 dollar à 164,6 dinars.
Une situation qui dénote de la crise économique et financière dans laquelle est empêtrée l’Algérie depuis le début de la chute du cours de l’or noir qui représente 95% de ses recettes d’exportation et entre 50 et 60% de ses recettes budgétaires.
En poursuivant la dépréciation de la monnaie nationale, les autorités algériennes essaient de corriger la surévaluation du dinar face aux grandes devises. Et d’ailleurs, en Algérie, le véritable baromètre du taux de change est celui fixé au niveau du Square Port Saïd où les cambistes du «marché parallèle» fixent leurs taux en fonction de l’offre et de la demande de devises, contrairement à celui fixé par la Banque d’Algérie. Et sur ce marché, le dollar bat des records depuis l’ouverture de l’espace aérien algérien et la reprise des vols après les restrictions de voyage liées à la crise sanitaire du Covid-19. Ainsi, lors de la journée du 22 novembre, il fallait 196 dinars pour 1 dollar à l’achat et 192 dinars pour 1 dollar à la vente. Sur ce marché, Il faut 220 dinars pour 1 euro à l’achat et 218 dinars pour 1 euro à la vente.
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C’est dire qu’un différentiel énorme subsiste entre le taux officiel et celui du marché parallèle. A titre d’exemple, au Maroc, il n’existe presque pas de différence entre les taux de change pratiqués par Bank Al-Maghrib, les banques commerciales et les agences de change.
Les Algériens de retour à l’étranger et même certains opérateurs économiques préfèrent donc échanger leurs devises sur le marché parallèle et s’octroyer d’importants gains.
Seulement, en jouant la politique continue de la dépréciation du dinar face aux devises étrangères, particulièrement face au dollar, principale monnaie de facturation des exportations algériennes dont les hydrocarbures et dérivées représentent à hauteur de 95%, le gouvernement algérien fait de la chute du dinar l’un de ses principaux leviers pour faire face au déficit budgétaire abyssal et structurel.
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En effet, en dépréciant la monnaie nationale face au dollar, le gouvernement gonfle artificiellement les recettes budgétaires tirées de la fiscalité des exportations d’hydrocarbures grâce à l’effet de change et atténue par la même occasion le niveau du déficit budgétaire et préserve, autant que possible, les réserves en devises du pays qui ont fortement chuté depuis leur pic de 2014 à 194 milliards de dollars pour s’établir actuellement autour des 40 milliards de dollars, selon les données officielles. Le déficit budgétaire devrait atteindre 3.614 milliards de dinars, soit environ 27 milliards de dollars, en 2021.
Le truchement de la dépréciation du dinar pour gonfler artificiellement les recettes tirées des exportations des hydrocarbures (en dollars), permet d’atténuer un peu le déficit budgétaire, mais ne constitue pas une solution à la grave crise financière que traverse l’Algérie, atténuée certes par la hausse du cours du baril de pétrole depuis quelques mois, sans compter ses effets inflationnistes.
Outre la «dévaluation déguisée» du dinar par rapport au dollar, le gouvernement a aussi activer un second levier pour atténuer les dépenses publiques en annonçant la fin des subventions sur 12 principaux produits et services de large consommation: farine, pain, semoule, lait en sachet, huile de soja, eau potable, essence, diesel, GPL, gaz butane, électricité et gaz de ville. Une décision souhaitée par le gouvernement et actée par le Parlement et qui devrait entrer en vigueur une fois la mise en place d’une politique d’aides ciblées au profit des populations les plus nécessiteuses. En effet, pour 2022, le gouvernement prévoit 1.960 milliards de dinars, soit environ 17 milliards de dollars, de transferts sociaux (subventions, aides à l’éducation, à la santé, au logement et à la famille).
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Seulement, la dépréciation programmée et continue du dinar et la fin des subventions sont deux leviers qui vont durement impactés les prix des produits fabriqués localement mais nécessitant des intrants importés. Ce qui va entretenir l’inflation. C’est la situation que vivent les Algériens actuellement et qui devrait s’intensifier. Ainsi, la vérité des prix qui suivra va impacter les petites bourses et la classe moyenne déjà lourdement touchées par l’inflation, accentuée actuellement par la politique d’interdiction des importations tous azimut qui a créé des pénuries et des hausse généralisées des prix alourdissant les dépenses des ménages alors que les salaires ne bougent pas.