Droits de l'Homme: pourquoi il faut se méfier d'Alger

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Le 13/12/2016 à 16h09, mis à jour le 13/12/2016 à 17h11

L'encre des journaux relatant les entorses aux droits des migrants africains n'est encore sèche que l'information concernant la mort d'un journaliste en détention fait le tour du monde. L'Algérie est rongée par un mal profond qui pousse ses dirigeants à privilégier des solutions extrêmes.

Alger applique des solutions extrêmes à tout problème ou à la moindre crise. La disparition de Mohamed Tamalt en est une tragique illustration. Même si, comme le déplore Said Sadi, ancien leader du parti d'opposition, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), "la mort d’un journaliste est toujours un funeste présage", l’Algérie n’en a cure. Le pays est dans "une situation d’effondrement éthique et civique" qui pousse les dirigeants à de honteuses déclarations quand leurs actions ne vont pas tout simplement dans le sens de la barbarie.

Et Sadi de poursuivre : "les libertés d’expression et d’opinion, entrées par effraction et au prix que l’on sait dans la vie publique algérienne, apparaissent désormais comme des données urticantes dans un univers de susceptibilité politique maladive". Qui connaît l’Algérie sait que la mort de Mohamed Tamalt est plus proche du meurtre avec préméditation que du regrettable accident, avec comme circonstance aggravante la complicité de la justice.

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Car faut-il le rappeler, l’Exécutif a domestiqué l’appareil judicaire et l’a transformé en "amplificateur de la peur". Par exemple, après son arrestation, dans un premier temps le blogueur n’encourait pas de peine de prison en vertu des faits qui lui étaient reprochés. Le procureur, celui que l’on surnomme "juge des libertés" a préféré faire appel à l’article 144 et non au 144 bis et le tribunal l’a suivi. La suite de l’histoire, on la connaît : condamnation à deux ans de prison, grève de la faim et la triste nouvelle.

Pourtant, quand on regarde l’actualité récente, on se rend compte qu’il y a d’autres raisons de se méfier de cette Algérie. En effet, quand l’info concernant Tamalt est tombée, l’encre des journaux ayant relaté les mauvais traitements infligés aux migrants africains n’était pas encore sèche. A Bamako, par exemple, sur 266 migrants expulsés d’Alger via le Niger, il n’en reste plus que 264. Deux sont morts des suites des violences policières, dénonce l’Association malienne des expulsés. Même les autorités maliennes, si prudentes quand il s’agit de condamner les actes ignobles du voisin qui a toujours abrité les rebelles du Nord, sont sorties de leurs gonds. Sur Radio France internationale, "un diplomate malien confie: «Nous allons demander des explications à Alger». Un autre officiel affirme que le fait que le grand voisin du Mali, l’Algérie, se soit imposé dans le règlement de la crise du Nord «n’est pas une raison pour nous taire face aux brutalités contre nos compatriotes».

Toujours selon la radio française, les propos du délégué général des Maliens de l’extérieur, Issa Sacko, sont sans équivoque. «La dignité humaine reste de mise quoi qu’il arrive, je crois qu’il faut les traiter avec dignité. Il est inconcevable en ce moment précis que des gens soient traités de la sorte».

On passe sur les déclarations racistes de responsables censés défendre les droits de l'Homme ou du Croissant Rouge algérien. 

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Tout cela montre l’écœurement que les actes d’Alger ne cessent de susciter au sein de la société algérienne d’abord, auprès des pays soucieux des droits de leurs citoyens ensuite. Mais, ce manque d’éthique dans le traitement de l’être humain et ces graves entorses aux droits de l’Homme sont malheureusement bien ancrés en Algérie. Il faut juste les condamner en attendant les prochains faits qui terniront encore davantage l’image de ce pays. Alger semble en effet atteint d'une maladie incurable. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 13/12/2016 à 16h09, mis à jour le 13/12/2016 à 17h11