Pas plus tard qu'il y a un mois, le gouvernement algérien a pris une surprenante mesure d'interdiction des importations, touchant jusqu'à certains produits alimentaires. Et pour cause, les caisses de l'Etat sont en train de se vider et, surtout, les réserves de change fondent comme neige au soleil.
Cette semaine, c'est le Stockholm international peace research institute (Sipri) qui a publié son rapport mondial sur l'armement. Quelle ne fut pas la surprise des Algériens de découvrir que le gouvernement d'Abdelmalek Sellal continue à être obsédé par une boulimie de dépenses militaires que rien ne justifie. En effet, malgré la crise et la pénurie de devises qui la guettent, l'Algérie a dépensé quelque 10,65 milliards de dollars en armement, soit plus que le double des budgets militaires de tous les pays d'Afrique du Nord réunis.
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Or, l'Algérie n'étant pas productrice d'armement, ce budget est synonyme d'importation et donc de sortie massive de devises. Si l'on sait que le déficit de la balance commerciale était de 17,84 milliards de dollars en 2016, on devine aisément que la folie des dirigeants algériens est l'une des principales causes de l'effondrement des réserves de change du pays.
Consacrer 10,65 milliards de dollars à l'armement, soit 2,3% de plus qu'en 2015, s'explique difficilement dans le contexte actuel. Au-delà des difficultés auxquelles l'Algérie sera fatalement confrontée du fait de la baisse des cours du pétrole, il se pose le problème de la permanente logique de guerre qu'entretiennent les sécuritaires du régime.
Les quatre autres pays d'Afrique du Nord réunis, à savoir Maroc, Tunisie, Libye et Egypte, ne font que 8 petits milliards de dollars de budget d'armement en 2016, d'après le rapport du Sipri. On se demande quelle guerre préparent tant les autorités algériennes, au point d'en oublier que cette année les réserves de change tomberont en deçà de la barre psychologique des 100 milliards de dollars.
D'ailleurs, c'est cette situation qui les a poussées à interdire, en mars dernier, l'importation d'une longue liste de biens, y compris ceux de première nécessité comme les produits alimentaires. C'est à croire que les armes sont devenues plus importantes que la satisfaction des besoins quotidiens de la population algérienne. Du côté du gouvernement, on n'aura certainement pas besoin de convoquer Marie-Antoinnette: au lieu de brioches, de chocolat, de biscuits et autres confiseries, désormais interdits d'importation, il y a déjà les armes à profusion.