Vidéo. Algérie: les médecins grévistes raflés et abandonnés au milieu de nulle part

Le 16/02/2018 à 16h04, mis à jour le 16/02/2018 à 16h06

VidéoPlusieurs dizaines de médecins ont été entassés dans des bus et jetés dans des endroits isolés, loin de la capitale.

Indéniablement, le régime algérien a perdu la tête, au point d'infliger un traitement des plus dégradants à ceux qui sont censés appartenir à l'élite du pays. Dans des vidéos partagées sur sa page Facebook, le Collectif autonome des médedins résidents algériens (CAMRA), on peut voir des bus remplis de médecins qui ont été littéralement kidnappés par la police lors de leur démonstration de force du début de semaine à Alger. 

Sauf que, une fois les bus remplis, les forces de l'ordre ne savaient pas quoi en faire. Ainsi, Les médecins ont été jetés au milieu de nulle part, toujours selon le CAMRA, dans des lieux tous plus éloignés de la capitale les uns que les autres. Certains se sont retrouvés aux Gorges Lakhdaria, à près de 70 km de la capitale, d'autres à Bouira à 103 km. Les plus chanceux ont eu droit à la périphérie de Blida ou d'Ain Taya, deux localités distantes respectivemnt de 55 et 38 kilomètres seulement d'Alger. 

Le Matin d'Alger, un site internet, se montre très critique vis-à-vis des autorités policières. Il s'agit "d'agissements graves et indignes, de la part d’une police censée assurer la sécurité des citoyens algériens et non de les mettre en danger. Mettre des médecins dans des bus, les entasser et les conduire dans l’angoisse et la peur, dans des endroits dangereux, où ils auraient pu se faire agresser, est plus que condamnable", écrit le site qui n'a pas assez de mots pour qualifier cette énième dérive. 

En réalité, Alger semble prise de court, sans autre choix que celui d'utiliser la manière forte et les coups bas. Ainsi, en plus de mener une innommable rafle contre les médecins, le régime a décidé d'asphyxier le mouvement en lui coupant les vivres. Les salaires n'ont pas été payés et quand les médecins sont allés demander des explications, ils ont été accueillis par la police. 

Plusieurs d'entre eux ont été placés en garde à vue sans motif et ont passé au moins une nuit dans les commissariats de la ville. La police est intervenue violemment jusque dans les locaux même de l'hôpital Moustapha Bacha pour arrêter certains manifestants, des actes que le CAMRA interprète comme une tentative visant à pousser les médecins à la faute pour légitimer ensuite la répression violente.

"Toutes ces manœuvres visent à nous perturber, à nous diviser et à nous pousser à réagir violemment pour entacher la blancheur de notre mouvement. Pour preuve, des résidents du CHU Mustapha Bacha ont été sortis de force hier et violentés par la police au sein de l’hôpital. Le soir même, cinq résidents ont été interpellés et ont passé la nuit au poste de police", écrit le syndicat des médecins dans un communiqué. 

Il faut dire que les médecins résidents dénoncent des conditions de travail extrêment difficiles depuis plusieurs mois. Ils manquent souvent de matériel et vivent dans des logements de fonction parfois insalubres. 

Mais le régime continue de faire la sourde oreille, quand il ne réprime pas les manifestations. Hier jeudi, le collectif de groupes parlementaires des partis au pouvoir a publié un communiqué non pas pour soutenir la lutte légitime des médecins mais pour demander à l'exécutif de se montrer encore plus ferme. Le calvaire des médecins n'est donc pas sur le point de prendre fin. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 16/02/2018 à 16h04, mis à jour le 16/02/2018 à 16h06