Algérie: rationnée dans la capitale, l'eau ne sera plus disponible que de 12h à 20h

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Le 17/05/2021 à 14h55, mis à jour le 17/05/2021 à 15h04

Les quatre millions d'habitants de la capitale algérienne n'auront droit à l'eau courante que huit petites heures par jour. Aucune des promesses faites par le ministre des Ressources en eau, Mustapha Kamel Mihoubi, n'a été tenue.

Ce que craignaient les Algérois est désormais arrivé. Les habitants de la capitale algérienne sont sur le point de connaître le jour zéro, c'est-à-dire celui où ils ne verront pas une seule goutte d'eau couler des robinets. En attendant, la compagnie en charge de la distribution du précieux liquide choisit de le rationner.

Ainsi, à partir de demain mardi 18 mai 2021, l'eau ne sera disponible que de 12h à 20h, soit huit heures par jour, selon un communiqué de la Société des eaux et d'assainissement d'Alger (SEAAL) daté du lundi 17 mai, qui a été relayé par le site du quotidien El Watan.

L'explication officielle de ce manque d'eau chronique est le fait que "la baisse de la pluviométrie enregistrée durant les trois dernières années a provoqué un déficit dans la quantité d’eau superficielle stockée dans les barrages, engendrant une perte dans le volume de production de 340.000 m3/jour (de 1,2 million de m3/jour à 860.000 m3/j)".

Toujours dans la tentative d'expliquer une situation inacceptable, les responsables algériens affirment que, concernant l'alimentation de la capitale, les eaux de surface représentent 60%, contre 20% pour les eaux souterraines et 20% pour le dessalement. Ce, pour mettre sur le dos de la pluviométrie le problème chronique de manque d'eau. Une astucieuse manière de se dédouaner face à cette situation qu'Alger est l'unique capitale nord-africaine à vivre.

Pourtant, pas plus tard que le 2 avril dernier, le ministre des Ressources en eau, Mustapha Kamel Mihoubi, avait fait la promesse ferme de la livraison, avant fin juin, de diverses infrastructures permettant de fournir plus de 200.000 m3 d'eau par jour.

"Quatre stations de dessalement d'eau de mer, actuellement entre réhabilitation et extension, seront réceptionnées avant la fin du mois de juin prochain, avec une capacité totale de plus de 32.500 m3/jour, destinée à la wilaya d'Alger", promettait-il dans une déclaration relayée par Algérie Presse Service.

Dans les détails, il indiquait qu'il y avait "la station de Zéralda (champs de tir) qui sera réhabilitée après son arrêt depuis 2013 et qui bénéficiera d'une extension pour porter sa capacité à 10.000 m3/jour. Elle sera livrée, au plus tard, au mois de juin et permettra d'alimenter 65.000 habitants".

Mihoubi avait également cité une deuxième station implantée à Palm Beach (Staouali) qui ferait l'objet d'une extension grâce à une nouvelle station d'une capacité journalière de 5.000 m3/jour pour permettra d'alimenter 50.000 habitants.

Enfin, la station d'Ain Benian aussi faisait partie des promesses du ministre pour "une capacité de 10.000 m3/jour contribuant à soulager l'ensemble de la région Ouest de la capitale en matière d'alimentation en eau potable".

Mais, le plus important n'était pas ce volet dessalement de l'eau de mer, que les autorités algériennes savent perdu d'avance, parce que trop coûteux, alors que l'Algérie n'a plus les moyens de cette politique. Tout devait se jouer plutôt avec la réalisation d'une centaine de puits artésiens "qui seront livrés, en totalité, avant la fin avril et qui injecteront, à terme, 160.000 m3/jour".

Ces seuls puits auraient à endiguer le problème de la pénurie d'eau à Alger. Mais visiblement, rien n'est réellement concrétisé. Les habitants de la capitale n'auront en effet droit à l'eau que pendant un tiers dans la journée. Les Algérois qui ont ainsi passé le mois de ramadan avec d'incessantes coupures d'eau, ne sont donc pas prêts de sortir du calvaire. Au contraire, l'approvisionnement devient encore plus difficile.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 17/05/2021 à 14h55, mis à jour le 17/05/2021 à 15h04