Algérie. Boutefika ignore sa responsabilité dans les 56 ans d'échec post-indépendance

Le 19/03/2018 à 19h05, mis à jour le 19/03/2018 à 20h08

Après 56 ans d'indépendance, l'Algérie s'aperçoit qu'elle a trahi les belles promesses de l'accession à la souveraineté internationale. Abdelaziz Bouteflika qui a dirigé le pays durant le tiers de cette période se contente de parler de crise.

C'est aujourd'hui que l'Algérie célèbre le 56e anniversaire de la fin de la guerre d'indépendance, la fameuse fête de la Victoire. 56 ans marqués d'errements idéologiques durant lesquels où le marxiste l'a souvent disputé au maoïsme. Après plus d'un demi-siècle de tâtonnements économiques, Bouteflika est contraint de constater l'échec dont il est l'un des principaux artisans, ne serait-ce qu'en tant que chef suprême du pays durant plus du tiers de cette période. Alors, son discours a singulièrement des allures d'appel à la mobilisation pour une guerre dont l'Algérie n'a jusqu'à présent remporté aucune bataille. 

"La fête de la Victoire, a dit le raïs algérien dans un discours lu en son nom par le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, doit nous inspirer d'autres victoires sur le sous-développement, la régression et la division pour surmonter les crises et les situations difficiles à travers le resserrement des rangs et la mobilisation des énergies". L'allusion aux sacrifices que ne cesse de demander le régime aux pauvres citoyens algériens est patente. Alors qu'au même moment, quelque 1.000 milliards de dollars de recettes pétrolières depuis 2000 sont partis en fumée, soit dans la redistribution, soit à cause de la gabegie. 

Chaque fête de la victoire est en effet, l'occasion de se rendre compte que l'Algérie, malgré ses immenses richesses, notamment ses importantes réserves de pétrole et de gaz, a trahi ses belles promesses d'indépendance. Aujourd'hui, la question est de savoir ce que le pouvoir a réussi à faire avec les recettes du pétrole. Force est de constater que le tissu industriel du pays est tellement moribond que l'Algérie importe une bonne partie des hydrocarbures distribués à la pompe. Plus de 2,5 milliards de dollars ont été dépensés en 2017 pour importer du gasoil et de l'essence, ainsi que des huiles de moteur. Sur le plan agricole, c'est la petite Tunisie d'à côté qui exporte ses pommes de terre ou sa tomate vers l'Algérie. Et si d'aventure, les importateurs sont mécontents, il y a pénurie de farine ou de lait. 

Actuellement, l'Algérie qui aurait dû être le premier fournisseur africain de l'Europe en produits manufacturés ne vend à ses partenaires que les hydrocarbures extraits de manière brute. Cela représente environ 96% de ses exportations. C'est dire que l'échec est total. Et évidemment, quand les marchés du pétrole sont en baisse, le pays est à genoux. Et c'est par là qu'a terminé Abdelaziz Bouteflika. 

"Aujourd'hui, face aux fluctuations du marché international (du pétrole) qui ont entraîné la perte de la moitié de ses recettes extérieures, l'Algérie s'accommode de la situation et veille, dans le cadre de la souveraineté nationale, à mobiliser ses capacités pour sortir de ce tournant difficile, maintenir le processus d'édification et s'orienter vers une économie affranchie de la dépendance excessive aux hydrocarbures". 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 19/03/2018 à 19h05, mis à jour le 19/03/2018 à 20h08