Décidemment le ridicule ne tue pas chez les dirigeants politiques algériens. Face au refus du président de l’Assemblée populaire nationale (APN) de démissionner, malgré les mille et un obstacles placés sur son chemin, dont le dernier a été son interdiction d’accès à son bureau au niveau du parlement, les frondeurs tiennent coûte que coûte à faire partir Saïd Bouhadja du parlement.
Face à l’obstacle constitutionnel et à son refus de démissionner, les députés frondeurs des groupes parlementaires de la majorité (FLN, RND, Taj et MPA) semblent avoir trouvé la parade en avançant l’argument de la «vacance de la présidence de l’Assemblée nationale».
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En effet, selon le règlement intérieur du Parlement, le Bureau de l’assemblée, composé des vice-présidents, a, dans ses prérogatives, plusieurs motifs pour constater la vacance de la présidence dont la démission, le décès, l’incapacité et l’incompatibilité. Et de ces 4 arguments, les députés frondeurs avancent l’«incompatibilité» flagrante pour destituer le président du parlement, en soulignant que les députés de la majorité ne veulent plus travailler avec le président.
Ainsi, selon les médias algériens, le Bureau de l’Assemblée, composé des vice-présidents va se réunir cet après-midi, sous la présidence du plus âgé d’entre eux, pour constater la vacance du poste du président. Ensuite, une séance plénière sera programmée durant laquelle un nouveau président du l’Assemblée populaire nationale élira un nouveau président.
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Réagissant à cette nouvelle tentative de destitution du président de l'APN, Mohcine Belabbas, président du RCD, a dénoncé un «coup d’État». «S’il venait à être toléré, voire validé, ce renversement du président de l’Assemblée nationale de façon illégale par des individus hors la loi et sans aucune autorité, marquera une nouvelle étape de la dérive autoritaire des clans dominant à l’intérieur du système. Aucun citoyen ne peut accepter une telle dérive et aucune raison ne peut justifier un tel acte parce qu’un coup d’État est un coup d’État», a t-il souligné.
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Avec cette trouvaille, les députés frondeurs comptent sortir de l’impasse que traverse l’Assemblée depuis une vingtaine de jours, après avoir tout tenté pour pousser Saïd Bouhadja à la démission.
Il faut dire que tous les moyens utilisés jusqu’à présent pour pousser le président du parlement à démissionner ont échoué. La crise a atteint son pic hier, mardi 16 octobre, lorsque les députés frondeurs ont cadenassé le portail principal de l’APN et empêché Bouhadja et ses collaborateurs d’accéder à leur bureau. Du jamais vu.
Pire encore, les membres du bureau politique du FLN ont décidé de lever la "couverture politique" de Saïd Bouhadja, et l'ont traduit devant une commission de discipline en vue de l’exclure du parti, au motif de son refus «d’écouter la majorité des députés». Un traitement indigne pour Bouhadja, Moudjahid reconnu, qui devient ainsi une énième victime de cette purge voulue au sommet de l'Etat. A quelles fins? Le palais d'El Mouradia a ses raisons que la raison ignore...