Algérie: des intellectuels dénoncent la visite de MBS

Mohamed Ben Salman, prince-héritier d'Arabie saoudite.

Mohamed Ben Salman, prince-héritier d'Arabie saoudite. . DR

Le 01/12/2018 à 14h28, mis à jour le 01/12/2018 à 14h31

Le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane (MBS) est attendu ce dimanche à Alger. Comme en Tunisie, cette visite a déclenché de nombreuses critiques en Algérie. Des intellectuels, des politiques et des journalistes se sont élevés contre cette présence.

Après une visite tourmentée Tunisie, et s'être rendu à Buenos Aires pour le sommet du G20, Mohamed Ben Salmane est attendue ce dimanche 2 décembre à Alger, malgré le flou cultivé par les autorités algériennes sur la date précise de cette visite initialement annoncée el 6 décembre prochains.

Ainsi, après les partis politiques (MSD, RCD, PT, etc.) et les professionnels des médias algériens, c’est au tour des intellectuels d’afficher leur opposition à la visite de MBS en Algérie.

Comme en Tunisie, cette visite est a déclenché un torrent de critiques et des intellectuels algériens dénoncent la présence de Ben Salmane sur leur sol.

«Le monde entier sait de science certaine qu’il a été l’ordonnateur d’un crime abominable contre la personne du journaliste Jamal Khashoggi, crime dont on ne trouvera point de parallèle dans les annales de l’humanité civilisée», ont écrit ces intellectuels dans leur communiqué.

Selon ces intellectuels, dont les écrivains Rachid Boudjera, Kamel Daoud et Mohamed Sari, le sociologue Nacer Djabi, le président de l’Association des Oulémas algériens, Abderrazak Gussousm, le comédien et metteur en scène, Abdelkader Djeriou, etc., avec ce crime, MBS «a montré son vrai visage imperméable à tout sentiment humain».

Pour eux, «en accueillant l’Emir saoudien Mohamed Ben Salmane, l’Algérie officielle ne risque-t-elle pas d’accorder une prime d’encouragement à la politique rétrograde de cette monarchie, exportatrice non seulement du pétrole, mais aussi de l’intégrisme Wahabite qui se dégrade rapidement en intégrisme violent?».

Partant, ils jugent «cette visite inopportune et injustifiée du point de vue tant politique qu’éthique».

Avant eux, Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), avait fait part de sa grande indignation, qualifiant cette visite de «mauvaise blague».

«Nous joignons notre voix à celles des citoyens et journalistes qui disent qu’on ne permettra pas à MBS de souiller notre terre», a t-elle souligné, ajoutant qu’«en plus de l’affaire du journaliste Khashoggi, ce régime obscurantiste et assassin nous a asséné un coup en cassant le consensus au sein de l’Opep sur la baisse de la production de pétrole, pour plaire à Trump».

Cette opposition à la venue de MBS n’aura pas d’écho auprès des dirigeants algériens.

Le ministre de l’Energie et celui des Affaires étrangères ont clairement, quant à eux, salué la venue du prince.

Par Karim Zeidane
Le 01/12/2018 à 14h28, mis à jour le 01/12/2018 à 14h31