Algérie. Une bombe sociale à retardement: une population qui vieillit devant un pétrole qui se tarit

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Le 10/12/2018 à 16h16, mis à jour le 10/12/2018 à 16h21

En 1988, pour un retraité algérien, 8 travailleurs cotisaient... Contre 2,5 seulement aujourd'hui. Cette bombe sociale à retardement pourrait exploser à tout moment, fortement aggravée par l'inéluctable tarissement des revenus du pétrole.

Malgré un fort taux de natalité en 2017, l'Algérie se dirige inéluctablement vers une stabilisation de sa population à l'horizon 2050, autour de 55 millions d'habitants. 

Le premier ministre Ahmed Ouyahia s'est arraché les cheveux, en évoquant le vieillissement de la population algérienne qui en résultera, lors d'une réunion regroupant à la fois les membres de son gouvernement et les walis.

Selon lui, l'Algérie se dirige droit dans le mur à cause des difficultés qui se poseront dans plusieurs domaines. Il a rappelé que le taux de chômage, passé de 9,6% en 2017 à 10,6% en 2018, touche 25% des jeunes dipômés des universités.

Les choses ne devraient pas s'arranger dans les années à venir. Et à ce rythme, à partir de 2050, l'Algérie devrait compter quelque 55 millions d'habitants, pour ne plus voir sa pupulation augmenter dans les 50 années qui suivront.

"Quand, peut-être, au même moment, à Dieu ne plaise, nos richesses fossiles tariront", s'inquiète toujours le quotidien El Watan

Force est de constater que l'Algérie commence déjà à connaître des problèmes de retraite, à cause d'un mauvais système en vigueur depuis plusieurs années.

En effet, actuellement, pour un retraité percevant sa pension, seuls 2,5 travailleurs cotisent, contre 8 il y a une trentaine d'années.

C'est pourquoi, cette année, le gouvernement a été obligé de dégager 500 milliards de dinars (à titre exceptionnel) pour soutenir le système de retraites au bord du gouffre.

Le problème, c'est qu'un Algérien peut faire valoir ses droits à la retraite dès 32 ans d'activité professionnelle. 

En conséquence, plusieurs personnes deviennent inactifs dès l'âge de 50 ans, voire moins. De plus, l'allongement de l'espérance de vie fait que, malgré une croissance de la population plus rapide en Algérie qu'au Maroc ou en Tunisie, le nombre de retraités croît nettement plus vite que celui des actifs.

Il faut ajouter à cette donnée, celle des liens familiaux, de plus en plus souvent rompus, du fait d'une urbanisation rapide, exposant les personnes âgées à l'absence d'assistance. 

L'Algérie doit donc rapidement changer de paradigme pour désamorcer cette bombe sociale. Il lui, entre autres, faudra diversifier rapidement son économie, tout en procédant à une réforme en profondeur de son régime de retraite. Vaste défi... 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 10/12/2018 à 16h16, mis à jour le 10/12/2018 à 16h21