L'Algérie a choisi d'écrire son avenir avec un président malade, selon la presse française

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Le 11/02/2019 à 16h48, mis à jour le 11/02/2019 à 17h05

En Algérie, Abdelaziz Bouteflika briguera un cinquième mandat successif le 18 avril. La candidature du président octogénaire à la santé précaire, paralysé et quasiment muet, n'a pas surpris la presse française lundi.

C'est "la fin d'un faux suspense", note le quotidien Libération dans un court article. "Pour les Algériens, c'est tout sauf une surprise dont ils semblent s'accommoder faute de mieux", confirme Le Parisien.

Abdelaziz Bouteflika, élu sans interruption depuis 1999, a annoncé sa candidature dans un message diffusé par l'agence APS (gouvernementale), une semaine après avoir été désigné par la coalition au pouvoir comme son candidat.

Victime d'un AVC en 2013, il avait séjourné près de trois mois à l'hôpital militaire du val-de-Grâce à Paris où il avait été hospitalisé une première fois fin 2005 après une hémorragie intestinale.

"L'avenir de l'Algérie, c'était et ce sera encore lui", raille l'éditorialiste des Dernières Nouvelles d'Alsace. "Diminué, la lippe figée, mutique en public depuis des années, Abdelaziz Bouteflika se succédera à lui-même si les circonstances lui prêtent vie et que les petits califes dans son dos cajolent les urnes comme il se doit", présume-t-il.

Le président algérien a été toujours été élu avec plus de 80% des voix, soulevant à chaque fois des accusations de "fraude".

"Il y a un chef au sommet de l'État algérien" et "depuis hier, il est très officiellement vivant", réalise Denis Daumin de La Nouvelle République.

"A force de ne plus le voir et de l'entendre moins encore, nous avions fini par oublier son nom. Il se nomme Abdelaziz Bouteflika et il a 81 ans", précise l'éditorialiste en rappelant que "l'illustre octogénaire n'a plus l'usage de ses jambes et peut-être pas toute sa tête".

Son âge et ses problèmes de santé n'en font pas moins le "favori" de la prochaine course, parie Jean Levallois dans La Presse de La Manche.

Si l'hypothèse d'un abandon du pouvoir n'a jamais été d'actualité, celle d'éluder l'élection a été envisagée, croit savoir Le Monde.

"Signe toutefois de l'inconfort représenté par la perspective d'un cinquième mandat, l'idée d'une prolongation +consensuelle+ du mandat (en cours) du président et d'un report de l'échéance électorale a été discutée au sein du pouvoir", selon le quotidien du soir.

"Le but était d'éviter de revivre la campagne de 2014 qui avait été menée avec un candidat absent, incapable de s'adresser aux électeurs. L'option du report, intenable sur le plan constitutionnel, a finalement été rejetée", ajoute-t-il.

Le Figaro confirme: "Il y a quelques semaines, les choses ont bien failli prendre une tout autre tournure". Mais l'option du report "qui aurait permis de maintenir Bouteflika à son poste et aux différents courants du pouvoir de trouver un consens sur la succession" a été finalement abandonnée.

En fait, Abdelaziz Bouteflika est-il lui-même "au courant" qu'il est "candidat à un cinquième mandat"? C'est la question que se posent deux militaires dans une caricature d'Alex, le dessinateur du Courrier Picard qui représente Bouteflika avachi sur son fauteuil roulant.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 11/02/2019 à 16h48, mis à jour le 11/02/2019 à 17h05