Algérie: Amnesty International exige la lumière sur la mort d'un manifestant après des violences policières

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Le 28/05/2019 à 14h18, mis à jour le 28/05/2019 à 14h19

Ramzi Yettou est la victime de la barbarie répressive contre les manifestants. Sa mort est intervenue lors du 8e vendredi, alors qu'il rentrait chez lui. Amnesty International exige une enquête sérieuse tout en rappelant aux autorités algériennes leur tendance à protéger les auteurs de bavures.

Après la mort du jeune manifestant Ramzi Yettou le 12 avril dernier, suite à des violences policières manifestes, l'organisation non gouvernementale (ONG), Amnesty International (AI) exhorte les autorités algériennes à ne pas camoufler l'affaire. Dans une communication publiée ce mardi 25 mai, après leur enquête préalable, l'ONG de défense des droits de l'homme demande "une investigation approfondie, indépendante, impartiale et efficace", afin de tirer au clair les conditions dans lesquelles le décès du jeune homme est intervenu. 

Ce manifestant, qui n'avait que 22 ans, a été tué lors du 8e vendredi de protestation. Selon plusieurs témoins interrogés par Amnesty, dont 3 oculaires, Ramzi Yettou a été roué de coups de matraque par des policiers en furie, alors qu'il rentrait chez lui après les manifestations. Un secouriste, deux membres de sa famille, deux avocats et un médecin confirment cette version, ce qui constitue autant d'éléments de preuves accablantes. 

Amnesty International a appelé, mardi, à "une investigation approfondie, indépendante, impartiale et efficace" sur les circonstances de la mort du jeune manifestant Ramzi Yettou (22 ans), survenue lors des manifestations populaires contre le système à Alger le 12 avril dernier.

Ramzi Yettou "a été frappé sur le crâne par des policiers alors qu’il était en train de rentrer chez lui après avoir participé à des manifestations antigouvernementales dans le centre d’Alger, que les forces de sécurité avaient dispersées à coups de gaz lacrymogène et de canons à eau le 12 avril", écrit Amnesty International dans son interpellation du gouvernement algérien. Ces agissements ont causé "des blessures qui auraient conduit à sa mort", poursuit l'ONG.

D'après les témoins interrogés par Amnesty, "Ramzi Yettou était en route pour rentrer chez lui, à Bougara, dans la wilaya de Blida, après avoir participé à une manifestation à Alger dans l’après-midi du 12 avril, avec au moins cinq amis". 

En cours de route, "la police a stoppé le camion à bord duquel ils circulaient, car le conducteur avait descendu une rue en sens inverse. Lorsque les policiers les ont agressés, certains sont parvenus à s’enfuir, d’autres ont reçu des coups de matraque. Avant de perdre connaissance, Ramzi Yettou a dit au secouriste qui l’a retrouvé gisant par terre avec du sang sur sa veste, qu’il avait été frappé par des policiers".

Toujours selon Amnesty, "d’après ce secouriste, Ramzi Yettou présentait des contusions sur le nez et une petite blessure superficielle d’environ un centimètre sous le sourcil, qui ne saignait pas. Cet homme a demandé à la police d’appeler une ambulance, qui est arrivée une trentaine de minutes plus tard et a transféré Ramzi Yettou à l’hôpital Mustapha Bacha où il a été opéré en raison d’une hémorragie interne. Il n’a jamais repris connaissance et est décédé le 19 avril. Ramzi Yettou et ses amis parcouraient chaque vendredi 50 kilomètres jusqu’à Alger pour manifester depuis le début, en février, du mouvement de contestation contre l’élite au pouvoir et le système politique algérien".

Amnesty International ne s'est pas arrêtée sur le cas de Ramzi Yettou. Elle a profité de l'occasion pour rappeler que trop souvent les autorités algériennes ferment les yeux sur les bavures policières. D'ailleurs, le rapport de police autorisant l'inhumation de la victime s'était borné à dire que la cause du décès était "indéterminée", d'où l'enquête demandée par le procureur pour élucider les circonstances de la mort. 

"Il est notoire que les autorités algériennes s’abstiennent trop souvent d’amener les membres des forces de sécurité responsables de violations des droits humains à rendre des comptes, et il est donc d’autant plus crucial qu’elles mènent une enquête digne de ce nom sur ces événements", a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 28/05/2019 à 14h18, mis à jour le 28/05/2019 à 14h19