En attendant que les dirigeants politiques trouvent une issue à la contestation politique, dans le cadre du dialogue politique qui devrait voir le jour très prochainement, la crise économique continue à s’aggraver en Algérie dans le sillage des manifestations populaires organisées dans le pays depuis maintenant plus de 5 mois.
Il faut d’emblée souligner que la situation économique était déjà dégradée à la veille du mouvement populaire. Toutefois, la persistance de ce dernier a eu des impacts sur certains comportements d’opérateurs économiques en matière d’investissement, un ralentissement dans le traitement des dossiers de crédits en lien avec l’opération en cours de lutte contre la corruption, des craintes sur les lancements de nouveaux projets en raison des incertitudes qui planent sur les perspectives politiques, etc.
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C’est au niveau de l’investissement que l’impact du mouvement est le plus ressenti du fait que l’investisseur, par essence, déteste l’incertitude. L’emprisonnement des oligarques dont certains étaient opposés à l’ancien régime est une source d’inquiétude chez les opérateurs économiques algériens qui s’inscrivent dans l’attentisme pour chercher lus de visibilité. Partant, l’investissement privé, de nature faible en Algérie, prend un sérieux coup avec le climat actuel.
Cela est aussi valable pour les investissements directs étrangers (IDE). Ainsi, à cause de cette contestation populaire, les investissements en Algérie ont connu un coup de frein inquiétant avec une baisse de 26% par rapport aux années précédentes.
Ces effets ont eu des conséquences négatives sur les entreprises, notamment les PME les plus fragiles, la croissance économique et l’emploi.
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Au niveau des entreprises, selon un rapport transmis au ministère de l’Industrie, et repris par alg24.net, 30.000 entreprises, principalement des PME, ont disparu depuis le lancement du mouvement de contestation.
Conséquence du ralentissement de la croissance économique et de la disparition des entreprises, le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter. En effet, ce sont pas moins de 600.000 travailleurs qui ont perdu leur emploi en moins d’une année, selon le rapport, en liaison avec les disparitions d’entreprises et les réductions d’effectifs. Ceux-ci rejoignent ainsi ceux qui sont à la recherche d’un emploi, augmentant ainsi le taux de chômage.
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La situation pourrait s’aggraver davantage dans les semaines ou mois à venir du fait de l’impact de la politique de «lutte contre la corruption» qui touche particulièrement certains oligarques, comme Issad Rebrab, Ali Haddad, Tahkout Mahieddine, Kouninef,…- dont certains étaient proches du clan Bouteflika.
En effet, certaines entreprises appartenant aux oligarques en prison ou ciblés par la llutte contre la corruption battent de l’aile depuis quelques mois du fait de l’absence de leurs dirigeants, des difficultés d’accès aux crédits bancaires, du blocage de certains comptes bancaires de leurs sociétés, du non paiement des travaux exécutés au profit des pouvoirs publics, etc.
Du coup, certains projets initiés par ces oligarques sont à l’arrêt ou en ralentissement, avec à la clé des licenciements et des congés obligatoires. Les salariés restants de ces entreprises craignent le pire.