Algérie: 10 ans de prison requis contre le porteur d’un drapeau amazigh

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Le 05/08/2019 à 15h37, mis à jour le 06/08/2019 à 17h31

Le procureur de la Cour de Annaba a demandé une très lourde peine de prison et une très forte amende à l’encontre de l’activiste Fetissi Nadir. Il est coupable d'avoir brandi le drapeau Amazigh.

La justice algérienne, sous la botte du général Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’armée algérienne, semble décidément avoir perdu le nord.

Sous l’impulsion de l’homme fort d’Algérie, qui a menacé les porteurs du drapeau Amazigh lors des manifestations populaires, le procureur d’Annaba a montré qu’il a bien reçu le message.

Ainsi, il vient de requérir une lourde peine à l’encontre de Fetissi Nadir, arrêté le 5 juillet dernier lors d’une manifestation et coupable d’avoir brandi un drapeau Amazigh. Il a requis, à l’encontre de cet activiste, une peine de 10 ans de prison ferme et une amende de 1 million de dinars.

Reste à savoir si le juge va suivre le procureur dans son réquisitoire incompréhensible, et inédit pour un délit aussi mineur.

A titre de rappel, pour les mêmes accusations, deux autres détenus ont été libérés après que le procureur ait requis de la prison ferme.

Mais depuis, le chef d'état-mjor de l'armée algérienne est passé par là, en refusant l’apaisement sollicité, et accepté par le président par intérim Abdelkader Bensalah, visant à libérer tous les détenus du mouvement de contestation en prison.

En requérant une telle peine, Gaïd Salah souhaite envoyer un message clair à tous ceux qui portent l’emblème Amazigh, comme il l’a martelé dans son dernier discours, le 30 juillet dernier: «je rappelle encore une fois que seule la justice est souveraine de la décision, conformément à la loi, concernant ces individus qui se sont pris aux symboles et aux institutions de l’Etat et ont porté outrage à l’emblème national».

La justice algérienne est donc désormais, très clairement, à sa botte. Une situation somme toute logique, Ahmed Gaïd Salah ayant changé les principaux responsables de l’appareil judiciaire du pays.

Le contexte est tel que les Algériens, face à cette décision particulièrement surréaliste, où un vice-ministre, fût-il de la Défense, commande désormais à un président de la République, par intérim soit-il, n’ont plus qu’à menacer de recourir à la désobéissance civile pour faire plier Gaïd Salah. Cela a d'ailleurs été le cas, pas plus tard que vendredi dernier, où ce mot d'ordre a circulé. 

Par Karim Zeidane
Le 05/08/2019 à 15h37, mis à jour le 06/08/2019 à 17h31