Ces derniers jours, son nom est sur toutes les lèvres. Considéré comme probable candidat à la présidentielle du 12 décembre, des groupes de citoyens ont sollicité Mouloud Hamrouche afin qu’il s’engage dans la bataille électorale.
Mais il se trouve que l’ex-Premier ministre leur a une nouvelle fois coupé l’herbe sous le pieds. Ill n’a pas attendu, comme prévu au préalable, que ses partisans se déplacent jusqu’à son domicile ce samedi 5 octobre.
À cet effet, Hamrouche a déclaré, mercredi 2 octobre: «J’ai eu à prendre une position et formuler mes points de vue sur la situation que vit notre pays, sur l’espoir que nourrissent nos concitoyens ainsi que sur des échéances projetées. J’ai toujours réfuté la confusion et rejeté la mystification. Je continue à croire que la nature des exigences du moment ne peut être exaucée par des promesses. Elle requiert des engagements des plus clairs, des plus forts, des plus larges et des plus inclusifs. Je remercie celles et ceux anonymes qui souhaitent me voir impliqué dans les joutes électorales et leur rappeler que ma position sur cette question est claire et inchangée, mais mon engagement demeure total et mon espoir, comme eux, intact».
Mouloud Hamrouche s’est exprimé à travers une brève déclaration. Dans cette dernière, il a renouvelé ses exigences quant aux conditions qui devraient prévaloir pour réaliser une véritable et responsable transition démocratique.
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D’ailleurs, d’après lui, les conditions pour réaliser cette transition tellement attendue par le peuple algérien ne sont pas réunies. Il espère cependant que ces conditions seront bientôt au rendez-vous. Mais pour cela, d’après Hamrouche, il faut des engagements fermes et un cap convaincant de la part de ceux qui détiennent réellement le pouvoir.
«L’homme des réformes» comme le surnomment affectueusement les Algériens pour son rôle joué dans la concrétisation de l’ouverture démocratique lorsqu’il était à la tête de l’Exécutif entre 1989 et 1991, a depuis cette époque, régulièrement cité comme potentiel postulant au palais d’El Mouradia. En effet, à chaque crise majeure et à chaque approche d’une échéance électorale charnière, son nom ressort.
Mais l’homme est resté fidèle à ses principes et ses convictions. Depuis le début des années 1990, alors qu’il était chargé par le président Chadli Bendjedid d’exécuter le programme d’ouverture, il s’est toujours refusé à la compromission ainsi que les simulacres d’ouverture.
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D’après la presse algérienne, sa démission en juin 1991 était motivée par la décision prise sans le consulter de réprimer une grève insurrectionnelle du parti islamiste : le Front islamique du salut (FIS).
En 1999, la promesse du président démissionnaire Liamine Zeroual d’organiser un scrutin libre et honnête l’avait convaincu d’être candidat à la présidentielle. Il se retire néanmoins tout comme 5 autres candidats, la veille du jour du scrutin, la volonté du régime militaire étant d’installer confortablement Abdelaziz Bouteflika.
Durant les vingt années de règne de ce dernier, Mouloud Hamrouche s’est totalement éclipsé de la scène politique, se contentant de rares apparitions, le plus souvent sous forme de contributions publiées dans la presse.
Ses écrits de ces derniers mois le positionnent comme un farouche opposant au maintien du système, qualifié d’«antinational». La particularité de Mouloud Hamrouche est qu’il est adepte du changement «avec l’armée et non contre elle».
Pour cette raison, certains ont cru déceler une main tendu à l’armée nationale populaire en vue d’un éventuel parrainage, mais Hamrouche a démenti toute ambition présidentielle. Il a même refusé les missions de médiation pour lesquelles il a été proposé durant tout l’été.
Mouloud Hamrouche a représenté cette troisième voie au moment où l’impasse politique est quasi totale. Le pouvoir veut organiser une élection présidentielle coûte que coûte, bien que ce soit contre l’avis de l’opposition qui n’a d’ailleurs pas présenté de candidats. Mais c’est aussi et surtout contre l’avis de la rue qui promet de saboter le projet de simulacre de scrutin.
Il est possible que Hamrouche ait flairé le piège, ne voulant pas sacrifier son intégrité pour crédibiliser un scrutin ne jouissant d’aucune crédibilité et d’aucun soutien populaire.